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Oh Kylie Oh !


Au royaume de la pop féminine mondialisée, il y a les reines (Madonna), les princesses (Taylor Swift), les battantes (Beyoncé), les presque folles (Britney Spears) et toute une imagerie de la concurrence entre femmes qui fait toujours rage malgré une certaine sonorité devenue parfois marketing, mais souvent bienvenue.


ll y a aussi celles qui ne se prennent pas au sérieux tout en remplissant des stades. Qui ne renient pas avoir chanté des bluettes sentimentales et les chantent encore en embrassant un kitsch assumé assez joyeux mais qui sont aussi capables de chanter avec Nick Cave et les Pet Shop Boys, travailler avec les Scissors Sisters où Emiliana Torrini, et paraître moins diva que Rufus Wainwright en chantant une chanson d’Elton John avec lui.


En fait, elles ne sont pas nombreuses, il n’y en a même qu’une : Kylie Minogue. Depuis la fin des années 80, elle est là, qui assure, qui chante toujours aussi bien, qui vend des disques, sans messages particuliers, juste avec l’envie de s’amuser, de faire des fêtes géantes avec tous ses fans LGBTQI+ et de donner du plaisir (parfois un peu coupable). Il suffit d’écouter une compilation de ses chansons pour passer du coq à l’âne, du disco le plus hype à sa phase Indie Kylie, de tubes énormes à des faces B moins policées.


Et force est de constater que bien de ses tubes eighties (“Step back in time”, “Put your hand on your heart”, “Better the devil you know”) tiennent plutôt bien la route pop malgré le sucre PWL, que “Your disco needs you” est le plus bel hymne pop queer existant, que “Confide in me” et “Where the wild roses grow” sont des chefs d’oeuvres mélodiques, que “Slow” et “I believe in you” ont posé les jalons d’une synth pop mondialisée et que “Can’t get you out my head” est le titre ultime des dancefloors réconciliant les branché.e.s et les fêtes au camping.


Kylie Minogue est sans cesse dans un grand écart artistique qui va de Leos Carax (elle joue superbement dans «Holy Motors») à Jennifer, de Noel Akshoté (qui a repris en version jazz ses tubes sur le sublime «So lucky) à Jason Donovan, de Michael Hutchence (qui fut son Boyfriend) aux émissions de télé crochets sans perdre une once de crédibilité.


Et puis comme par enchantement, tous les 20 ans, Miss Minogue pond un tube, un vrai. «I should be so lucky», «Can’t get you out of my head», «Padam Padam». Ce dernier titre, prélude tik-tok compatible à « Tension », son nouvel album qui sort 3 ans après le très réussi « Disco » qui avait donné un air de dancefloor bienvenu dans tous les salons confinés, a remis au premier plan Miss Minogue qui montre au monde pop qu’être une coureuse de fond qui s’amuse aura toujours plus d’éclat qu’une machine un peu rouillée qui court après les jeunes pousses éclatantes (suivez mon regard).


L’album, bien ficelé, révèle son lot de surprises (les très pop et très Olivia Newton John « Things we do for love » et « You still get me high ») au milieu d’une disco plus attendue de sa part (« One more time »). Et l’album se paie même le luxe dès le 2ème titre de l’album (« Hold on to now ») d’afficher une chanson pop parfaite qui selon nous aurait du être la locomotive de ce 16ème album en 5 décennies.


Mais ce qui séduit toujours chez elle, c’est cette modestie qui la caractérise. Il n’y a jamais aucune prétention mais un plaisir très spontané, alors qu’elle est probablement l’une des chanteuses pop qui chante le plus juste, et qui affiche une carrière presque parfaite, toujours au top, un pied chez les branchés, un autre chez les popu.


Nicolas Vidal

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