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A la lueur de SiAu


Douceur et mélancolie sont les premiers mots qui nous sont venus à l’esprit en découvrant les chansons de SiAu. Ce sont aussi les mots que l’on a ressentis en le rencontrant dans un café de la Vilette, un matin d’été, pour parler de son premier EP « De l’inconnu ». Mais inconnu, SiAu ne l’est pas tout à fait : « J’ai eu un premier projet sous mon nom, Simon Autain. J’ai sorti un EP, et j’ai enregistré un album qui n’est jamais sorti. Mais j’ai toujours continué à composer. Et comme les nouvelles choses sur lesquelles je travaillais n’avaient rien à voir avec ce premier EP, j’ai décidé de changer de nom et d’arriver avec un projet tout neuf.»

On imagine, à tort, que changer de nom a du être un peu difficile quand on commence juste à se faire remarquer : « Le nom SiAu me permet d’être assez libre et pas cantonné au nom classique français. Et ça m’a permis de repartir vraiment à zéro. Même dans les démarches, je suis arrivé en faisant comme si je n’avais rien fait avant, pour ne pas donner de fausse pistes. »


Neuf est un mot qui convient également très bien à l’univers de Simon, dont le son des chansons est très ancré dans l’époque, celle qui mêle la pop à l’électro, la chanson au hip-hop. « J’aime bien essayer d’oublier que je chante en français quand je fais de la musique. Le français est toujours connoté chanson, alors que pour moi le texte vient toujours après l’impulsion musicale, les arrangements. Je suis dans la musique sans penser à la langue. Et petit à petit je mets des mots dessus. J’aime écrire en français et j’aime aussi le format pop, couplet refrain, à l’anglaise. »


Simon se paie même le luxe de (ré)écrire un hymne pop sur l’art de sortir pour noyer ses peines : « Ce soir je sors » n’est pas du tout un hommage au « Sortir ce soir » de Daho, je ne connaissais pas le titre. Mais la coïncidence m’a fait marrer. J’aime beaucoup Etienne Daho mais j’étais passé complètement à côté de cette chanson. »

On pointe le côté mélancolique et désespéré de la chanson alors que celui de Daho affichait un hédonisme très eighties. « Pour moi, la chanson n’est pas du tout désespérée, plutôt mélancolique. C’est le moment ou ça commence à aller mieux. »


Mais l’univers de SiAu se rapproche plus des songwriters anglo-saxons, de James Blake à Bon Iver. Des folkeux électros qui ne trouvent pas tant d’échos que ça en France. « J’ai écouté beaucoup de chanson française, mais ça n’a rien à voir avec ce que je fais. Je cite toujours Bashung et Christophe car ils ont toujours été un peu en marge de la chanson. Et puis j’aime bien l’idée qu’une personne non francophone puisse apprécier ma musique. Chez Bashung, on entend de la musique, qu’elle soit française n’a pas beaucoup d’importance. »


Il y a une sorte de mélancolie naturelle chez Simon qui rend ses chansons touchantes. Mais pas une mélancolie désabusée à la Eddy De Pretto, plutôt une sorte de « gaité triste » que le son des machines amplifie sans le rendre froid. « Je suis passé aux machines il y a quelques années après beaucoup de réticence. J’aime la débrouille et travailler comme ça fait gagner du temps. J’ai un côté un peu geek qui s’est développé et ça ouvre plein de voies pour les arrangements, bien que je continue toujours à composer d’abord en piano/voix pour être sûr d’avoir une mélodie qui se tienne. J’essaie vraiment de travailler la prod après. »

Et on sent effectivement que les chansons pourraient se tenir très bien en version épurée, notamment le titre le plus réussi de l’EP, « A la lueur », sorte d’élégie abstraite dont les harmonies vocales se mêlent aux échos des accords de piano pour livrer un titre touchant et extrêmement bien produit.


C’est l’une des forces de cet EP qui annonce un album à venir. Tenir à distance les auditeurs tout en les enveloppant dans une voix chaleureuse. Un peu à l’image des visuels de l’EP qui reprennent la couleur rouge comme fil conducteur. « Le rouge, ça évoque la volonté, le désir, le courage. Je ne l’ai pas intellectualisé au départ, mais maintenant je me pose des questions. C’était une manière d’assumer ce que je faisais à travers cette couleur. » Le rouge évoque aussi la passion. Et celle, manifeste, d’un songwriter à suivre, pourquoi pas dans l’inconnu.



SOUS INFLUENCES DIVINES


« En ce moment, l’artiste qui m’influence le plus est Twin Shadow. Son dernier album est incroyable, tellement riche. J’aime bien toujours citer les Beach Boys car ce sont eux qui m’ont donné envie d’écrire, de travailler les harmonies. C’est le fondement pour moi, bien que ce ne soit plus une source d’inspiration directe. Sinon James Blake a été très marquant pour moi, comme le dernier album de Bon Iver. Et James Vincent Mcmorrow, qui est un peu entre les deux.

Le livre qui m’a beaucoup marqué est l’autobiographie de Bob Dylan. Sinon, au Lycée, c’est Steinbeck que j’aimais. Mais je ne crois pas que cela m’inspire pour ma musique. Je ne lis plus beaucoup. Par contre le cinéma, ou les séries sont une grande source d’inspiration. La série « The leftovers » m’a presque soufflé une chanson. J’ai arrêté un épisode, j’ai composé la chanson « De l’inconnu » et je n’ai repris la vision qu’après. A chaque fois que je la chante, je revois les images. Et puis « Stranger things » m’a beaucoup plu, pour sa musique aussi. Sinon en cinéma, j’aime beaucoup Terence Malick et Jeff Nichols. Leur cinéma contemplatif me parle beaucoup. C’est très inspirant visuellement.

En acteur, j’adore Ewan McGregor et Jim Carrey, qui est au delà de tout. Et Marc-André Grondin, que j’adore grâce à « Crazy » qui m’a énormément marqué adolescent. »


Siau, EP « De l’inconnu » disponible.

En concert avec Violet Arnold le 26 septembre au Motel, Paris.




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