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(winona ryder par nicolas vidal)

En 1991, quand on avait 15 ans et qu’on adorait le cinéma, on ne pouvait pas ne pas être amoureux de Winona Ryder, petit elfe brun tantôt gothique, tantôt romantique, au regard noir et cheveux de jais. Teenager forever, Winona a incarné plus qu’aucune autre actrice cette époque charnière de nos vies, l’ambiguïté entre le reste d’une enfance pas si lointaine et nos aspirations plus rebelles. 


Car ce n’est pas rien d’être la fiancée de Dracula, de Jerry Lee Lewis, d’Edward aux mains d’argent. Ça en impose. Surtout à une époque où ce n’était pas si commun de flasher sur les freaks et les mecs bizarres. Winona, elle, elle n’en avait cure et c’est pour ça qu’on l’aimait. 


Et puis bon Tim Burton, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, c’était quand même du high level, le graal de la jeune actrice des nineties (et c’est toujours d’actualité). Et puis elle ressemblait plus à nos copines d’école que Michelle Pfeiffer et Kim Basinger. Elle était l’emblème de la « Génération 90 », sortait avec le fantasme ultime de nos années lycées (oui, à ce moment là Johnny Depp cochait la case sexy et freak, même pour les homos en devenir) et elle n’avait pas de concurrentes sérieuses dans le secteur à part la jeune Juliette Lewis version Brad Pitt et plus dangereuse. Et puis bon, être la fille de Cher et la grande sœur de Christina Ricci dans “les deux sirènes” et entonner avec elle “The shoop shoop song”, c’était aussi la classe. 


Et puis ça s’est enrayé, elle a volé, a expié, mais le monde avait changé et la rebelle attitude avait fait place au clean, au sage, au sans aspérités. Même au cinéma. Les actrices rebelles ont fait place à Anne Hataway et le monde a oublié Winona, comme ça en un claquement de doigts. Jusqu’à ce que deux geek qui étaient teenager dans les années 90 (et Darren Aronofsky avec une belle puissance évocatrice dans « Black Swann ») la remettent dans le Game avec la super série « Stranger Things ».

 

Mais Winona était devenue la mère des héros et la star déchue d’un milieu hostile. Un peu borderline, mais figure d’autorité malgré tout. Et finalement ça n’a pas changé grand chose au niveau artistique. C’est la malédiction des emblèmes. Mais pour nous les teenagers des années 90, on pensera toujours à « Winona forever », comme un slogan qui a perduré car un homme se l’était fait tatouer sur le bras. Et ça, ça avait valeur de talisman. C’était culte et romantique. Tous les teenagers des années 90 s’en souviennent. Et les cinéphiles aussi se souviennent que dans les films majeurs de ces années là (« Le temps de l’innocence » en tête), il y avait Winona. Vivement le retour de Beetlejuice (c’est prévu et ça fait un peu peur) sur le devant de la scène.

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