(stéphanie de monaco par nicolas vidal)
A quoi rêvent les princesses ?
A quoi rêvait Stephanie de Monaco quand elle s’essaya à la chanson en 1986 avec l’ultra pop « Ouragan », le cheesy « Flash » et le Baudelerien « Les fleurs du mal » ? Peut être à conquérir un territoire pop que seule la famille royale anglaise (merci Lady Di) avait conquis, mais avec un panache et une joie de vivre propres à la jeunesse. Car il ne faut pas oublier que Stephanie avait à peine 20 ans lorsqu’elle devint une idole Teenage avec ses épaules de nageuse et ses maillots de bains ultra échancrés, son sourire incroyable et sa mèche blonde sur cheveux courts, plus Butch que Cendrillon.
Et puis à 20 ans, une jeune femme, même princesse, ça voulait s’amuser, faire de la mode et des popsongs dans le moule que Jeanne Mas, idole du moment, venait de créer : une synthpop italo disco concoctée avec Romano Musumarra et ses mélodies addictives plus que réussies. Car « Ouragan », il faut bien se rendre à l’évidence, est l’une des chansons les plus réussies de la pop française, un ovni bubble gum qui a enchanté l’année 1986, les garçons sensibles et les lesbiennes en devenir avec son refrain imparable et sa basse arpegiator. Stephanie, icône queer avant l’heure qui se déplaçait en grosse moto tout en minaudant, était bien une idole pour les LGBTQI+ en devenir, bien qu’hétéro héritière maquée avec les fils Delon et Belmondo. Question de look et de sensibilité. Elle n’a jamais ressemblé à une princesse, et son sang royal n’a jamais empêché son côté populaire et touchant.
Il y avait un certain panache à squatter le top 50 et les après-midi de TV6 alors qu’Hollywood ou Cinecitta devaient faire les yeux doux à la fille de Grace Kelly. Quelques mauvais coucheurs déclarèrent à l’époque que c’était la fin de la musique, qu’une princesse ce n’était pas fait pour chanter. Mais alors quid du rêve pop eighties ou élégance se conjuguait avec outrance et musique avec gimmick ? L’imagerie de la pop a pourtant toujours flirté avec le lexique royal pour parler de la Reine Madonna ou du King Elvis, des princesses pop à foison ou en choisissant des noms d’artistes y faisant référence (Prince ou Queen). Il ne restait qu’à une véritable princesse de franchir le rubicon populaire pour intégrer la royauté musicale.
Ce fut bref, plutôt réussi et sympathique. Ça n’a pas mangé de pain, Stéphanie est vite retourné dans une certaine fonction officielle sans faire de remous, et les adolescents des années 80 se sont choisis d’autres princesses pop à vénérer (Mylene Farmer, Vanessa Paradis). Mais une bonne chanson reste une bonne chanson, chantée par une princesse ou un voyou.
Et ça, c’est vraiment Pop.