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Il existe dans la matrice French Pop une catégorie de groupe qui allie Love story et chansons pop dans un même élan créatif. Souvent pour le meilleur (Niagara, Elli & Jacno), parfois pour le pire (Remember les duos kitsch eighties), ces groupes souvent plus paritaires que le pygmallion et sa muse permettent d’allier glamour et chanson dans un storytelling plus ouvert et moins autocentré. C’est le cas de Soleil Bleu dont les chansons pop nous ont immédiatement emballés. Qu’ils nous parlent d’une histoire d’amour sur un navire en perdition, d’une Alma Page petite sœur de Mélody Nelson où d’une résurrection dans les étoiles, Lou Lesage et Arthur Jacquin mélangent le meilleur du grand Serge et de Mikado, l’ironie pop et le glamour à mort avec leur premier EP « Félins pour l’autre », premier vrai coup de cœur de 2021 à découvrir. Présentation du duo en 5 références..

Dream Pop

Lou : “Avec notre musique, on est dans un côté très cinématographique, dans le rêve… Et on est un duo pop.”

 

Arthur : “On essaye souvent d’avoir une approche cinématographique, dans les personnages qui incarnent nos textes, dans le cadre qui pose un univers et une couleur qu’on essaie de mettre en musique. Notre nom “Soleil Bleu” va vers ce côté Dream pop, imaginaire, et qui est important pour nous. Nous ne sommes pas un groupe engagé. On propose plus un voyage et une échappée, même si on reste dans des choses concrètes et qu’il y a quelque chose de plus sombre dans cet EP - notamment avec la pochette - que ce qu’on a fait auparavant. Il y a des accents pop dans notre musique, mais quand on fait un morceau, on ne pense pas forcément au style de musique qu’on va faire, on essaie d’être assez spontané et direct, et un style de musique va découler de tout ça. Après, la dream pop, c’est vrai que c’est un style de musique mais je n’ai aucun nom de groupe qui me vient en tête.”

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Couple Pop

Lou : “On nous parle souvent de Mikado, d’Elli & Jacno. Il y a la chanteuse Françoise Cactus d’un couple pop qu’on aime beaucoup, Stereo Total, qui vient de disparaître et ça nous a beaucoup touché. Moi au départ, j’avais un peu peur de travailler en couple, mais on se complète tellement que finalement ça a super bien marché. Arthur m’a vraiment poussée et aidée à faire des mélodies de voix, ce dont je me sentais incapable car je ne suis pas musicienne. C’est mon meilleur ami, c’est mon amant, et c’est super de pouvoir travailler et d'échanger avec la personne qu’on aime. On peut regarder des films ensemble, se faire écouter de la musique, se faire découvrir plein de choses, et c’est ce qui nous inspire et nous permet de faire des chansons ensemble.”

 

Arthur : “Souvent, je compose seul et je fais écouter les instrus à Lou, avec des mélodies, des idées. J’aime beaucoup avoir ses impressions, voir ce que ça lui inspire. Et c’est là qu’on trouve un texte, une mélodie qu’elle crée de nouveau, ou on garde la mélodie originale. Il n’y a pas vraiment de règles. J’aimerais bien que Lou écrive des textes, soit à la base de la chanson.”

 

Lou : “C’est beau aussi de se laisser emporter complètement là-dedans, de savoir qu’on a confiance en l’autre. C’est une preuve d’amour. Moi, je n’ai pas encore passé le cap du texte.”

 

Arthur : “On a beaucoup écouté Elli & Jacno, j’adore le personnage de Jacno, ce qu’il est. On retrouve Dutronc, Gainsbourg en lui. Ce sont des personnes qui m’inspirent beaucoup. Ce qu’ils créent et leur façon d’être sont intrinsèquement liées et ça me plaît. Même s’ils créent des personnages, ça fait partie d’eux. Je trouve ça fort.” 

 

Lou : “La pop acidulée qu’ils ont créé après un parcours punk, c’est génial.”

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Serge Gainsbourg

Arthur : “ Je suis fan total de son écriture, de sa manière d’écrire pour les autres, pour les femmes qu’il aimait où pas. On le connaît pour être bien provoc, mais il était tellement sensible dans l’écriture, dans la composition. Il savait très bien s'entourer, notamment les arrangeurs avec qui il a travaillé. Son parcours même. J’aime le fait qu’il ait pris du temps, et qu’il arrive à ce personnage déchu, en jouant avec les codes. C’est exemplaire.”

Lou : “Dans l’EP, il y a des réminiscences d’autres musiques, ce que lui a fait tout au long de sa carrière, mais c’est arrivé par hasard. C’est son héritage, ainsi que nos autres influences qui ont probablement amené ça, mais ce n’était pas calculé.”

 

Arthur : “Le refrain un peu reggae sur “Le navire”, ça s’est transformé en prise en studio. On est parti de nos maquettes, et en faisant tourner les instruments sur nos maquettes, les musiciens ont trouvé un groove et ça s’est fait comme ça. On a aimé, ça a changé la couleur du refrain, et on aime bien ce côté sous-jacent qui n’est pas un reggae total. Ce que je trouve  important, c’est de ne pas se limiter à une humeur, une couleur. C’est assez lisse ce qu’on entend dans les albums de pop en ce moment. Ce sont les mêmes ingrédients, les mêmes recettes pour plaire aux gens, pour ne pas perdre le public. C’est dommage.

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Comédie

Arthur : “Comédie, ironie, rigoler, s’amuser, ne pas se prendre trop au sérieux…”

 

Lou : “ Comédien.ne, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. Quand je joue, je suis dans un autre univers qui me parle et me fait du bien. Après, tout ce qui est autour, les castings par exemple, ça m’a un peu fatiguée. Comme je n’ai pas beaucoup confiance en moi, c’est compliqué. 

 

Arthur : “Et puis tu t’engages à fond aussi. Tu n’y vas pas avec beaucoup de recul, et ça peut te faire mal après.”

 

Lou : “Et puis le dernier film que j’ai fait avec Sandrine Veysset que j’ai adoré faire, qui était très beau mais qui a été très fatigant et pour lequel je me suis donnée à fond est finalement sorti dans 2 salles. Ça me rend triste pour le cinéma d’auteur aussi. Et au moment où je me suis lancée avec Arthur, la musique est devenue mon oxygène. Je suis rentrée après un casting, et j’ai dit stop. Ça m’a fatiguée. Maintenant, je ne suis pas fermée à de belles rencontres. J’ai récemment passé un casting pour un réalisateur italien que j’aime beaucoup, son idée était sublime, et là j’ai passé un des plus beaux castings de ma vie. Je me suis sentie bien.”

 

Arthur : “ Lou a vraiment une approche de comédienne. Elle capte aussi la caméra, il y a quelque chose de très fort quand elle est filmée. Moi j’ai moins ça. J’aime bien être assez naturel. Je n’aime pas forcer. Je n’ai pas eu la chance pour le moment de devoir travailler un rôle de composition. J’adorerais ça, changer de démarche, de tête…”

 

Lou : “ Mais pour l’interprétation des morceaux, quand je le fais je suis à fond. Il y a des morceaux où je rentre dans ma bulle. Quand je chante “Le navire”, je suis dans les profondeurs. Il a des morceaux qui éveillent des choses en toi. On a fait une reprise d’Aznavour, “Parce que”, je ne pouvais pas la finir sans avoir la voix qui se serre. Ça fait du bien de pouvoir jouer des personnages comme ça.”

Mélancolie 

Arthur : "Mélancolie du futur”. On est en plein dedans, surtout les très jeunes. Ils sont nés en voyant la fin. Nous on l’a vue arriver. Avec la Covid en plus, tout s'acharne.”

 

Lou : "Arthur a sorti cette phrase que j’ai trouvé super belle et poétique qui est dans le titre “Voie lactée”, et c’est le premier titre qu’il m’a écrit… C’est une déclaration trop belle qui m’a fait énormément de bien. Ça représentait aussi un état dans lequel je me sentais à ce moment-là. Et on le ressent vraiment dans cette période. 

 

Arthur : “Je n’arrive pas à faire des morceaux trop joyeux.”

 

Lou : “ On peut faire des morceaux avec de l’humour comme “Nuée chaude”, mais c’est du second degré. C’est un jeu. On voulait faire une parodie de film érotique 70’s dans le clip. On a beaucoup d’ironie dans nos titres. Même sur “Petite femelle”, on a un gimmick hawaiien, mais c’est une histoire triste, une fille qui n’arrive pas à trouver l’amour et qui fait un peu n’importe quoi. Mes morceaux pop préférés, ce sont ceux où il faut creuser dans les paroles, que tu t'aperçois que c’est super triste, mais sur lesquels tu danses.” 

 

Arthur : “Ça permet à l'auditeur d'accepter les difficultés, et arriver à le faire en dansant, c’est un but.”

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Interview et photos : Nicolas Vidal
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