Smiley, ou l'art de la rom com queer et pop

La tradition des films de noël est en général très ennuyeuse avec de rares éclats artistiques. Mais depuis quelques temps, ce sous genre de la rom com a mis le grappin sur les nouvelles manières de raconter ces histoire cucul la praline par le biais de personnages gays et lesbiens. L’année dernière, notre lesbian queen préférée Kristen Stewart se retrouvait dans « Happiest season » dans les tourments d’une histoire lesbienne, d’un placard et des chants de noël, plutôt pour le meilleur.
Cette année, il y a certes le retour de Lindsay Lohan dans ce qu’on lui laisse malheureusement uniquement jouer (La riche héritière qui devient une Christmas Queen) mais la meilleure comédie romantique de noël est une série Netflix espagnole (adaptée d’une pièce de théâtre de Guillem Clua) et s’appelle « Smiley ». Sous des dehors très classiques (un vaudeville à quiproquos où 2 personnages antagonistes tombent amoureux l’un de l’autre mais leur mauvais caractère les empêche de vivre cet amour), on suit les pérégrinations de ce couple mais aussi de leur entourage, hétéro, lesbien, homo.
La très grande force de la série est de ne pas prendre ses personnages de haut, malgré les archétypes évidents : le très beau garçon sportif et spontané et l’architecte snob. Il y a dans les joutes verbales du duo principal quelque chose d’assez jouissif car finalement plutôt réaliste, et moins caricatural que ce que l’on pourrait imaginer. La faute à des personnages ancrés dans un certain déterminisme (la vieillesse dans le milieu homo et le placard de nombreux.ses homosexuel.le.s pendant des années, le supposé manque de culture des sportifs, etc…) mais à qui pour une fois on donne la parole au delà du cliché premier.
C’est peut être un détail pour vous, mais au final beaucoup plus fin que dans la plupart des drames queer. Ici, c’est léger mais réaliste, les thèmes chers à l’égalité sont respectés (les personnages ne sont pas tous blancs, ni tous jeunes, et l’inclusivité vient d’un père hétéro qui veut qu’on appelle iel son dernier bébé) mais sans lourdeur et en format pop (la sitcom n’est pas loin), souvent avec humour, mais surtout beaucoup de sensibilité.
La série espagnole embrasse aussi les identités du pays et se passant à Barcelone, fait parler aussi ses personnages en catalan et offre une vision de la ville loin des touristes. Pour ne rien gâcher, l’interprétation est plutôt bonne, et le personnage d’Alex, joué par le sublime Carlos Cuevas, joue pleinement de son charme de bonbon ibère et solaire que l’on pourrait juger parfait, mais montre aussi une ambiguïté faite de frustrations et de privations (notamment pour entretenir un corps parfait, mantra obsessionnel du milieu homo masculin) rarement abordée. Au final, tous les personnages sont doubles et nous poussent à nous poser des questions sur nos désirs, nos envies, nos frustrations, notre usage des sites de rencontres, mais dans un écrin pop et festif, comme peut l’être la période des fêtes de fin d’année.
Une vraie réussite.
Smiley, série diffusée sur Netflix.
Nicolas Vidal
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