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Projet Bikini : la pop inaugurale d'Héléna Noguerra




Après une décennie eighties à être le fer de lance de la musique made in France, la pop dans les années 90 s’est faite de plus en plus discrète et métissée dans la bouche d’artistes que l’on appelaient pas encore urbains, mais dont le Groove inspiré du RN’B américain avait envahi les productions d’ici. Ophelie Winter, Alliance Ethnik, MC Solaar ou Princess Erika avaient remplacé dans le cœur des teenagers Indochine, Jeanne Mas où Elli Medeiros.


Vanessa s’était faite la malle en anglais avec Kravitz, Daho après « Paris Ailleurs » a été incompris avec son album « Eden » en 1996 et nombre d’artistes eighties ont disparu des radars sans laisser d’adresse. Mais quelques pics pop pointaient encore le bout d’un refrain dont les artisans se nommaient Doriand, Ollano, Dominique Dalcan, Air, Katerine… et Helena Noguerra qui en 1999 faisait un come back discographique 10 ans après le cultissime « Lunettes Noires » clippé par Pierre et Gilles. Entre les deux, un titre avec Daniel Chenevez de Niagara et un autre avec Ollano, « Latitudes » qui marquait déjà une première collaboration avec Marc Colin et Xavier Jamaux qu’elle retrouvera avec les projets Nouvelle Vague et Gemme un peu plus tard.


Mais avec ce premier album, « Projet Bikini », Helena ravivait une flamme pop endolorie en partant s’encanailler chez les girls group 60’s (« Tout Tout », « Minimum »), ou du côté easy listening d’une Claudine Longet , voire vers les rives folk d’une Margot Guryan (« Moi-Même » composé par Katerine).


La force de ce disque était de mélanger toutes ces influences dans un écrin très nineties et très organique. Des flûtes, des harpes, des cordes, des guitares funky et la voix d’Helena, impériale au milieu de ces mélodies inspirées. L’album, créé en collaboration avec Doriand et Marc Collin en grande partie, posait les jalons de la carrière musicale à suivre d’Héléna Noguerra, avec des titres moins évidents mais magnétiques (« les géants du lac », « Chagrin liquide ») qui font écho au dernier album de la chanteuse (« Fleurs bleues/Noces noires »), une collaboration avec Katerine qui participera aux albums suivants d’Héléna (« Azul » et « Née dans la nature ») mais qui montrait surtout sa grande justesse d’interprétation, tout en légèreté mélancolique, que l’on a retrouvé autant dans sa carrière d’actrice que d’écrivain. L’acmé de cette ambivalence étant pour nous la chanson « allongée sur une lame », en plein milieu de l’album, qui démarre en piano voix poignant pour finir en popsong funky.


Helena Noguerra, comme un poisson dans un aquarium, à depuis prouvé sa liberté artistique en passant d’un projet à l’autre, en écrivant des chansons, des pièces de théâtre, des livres, tout en jouant au cinéma, à la télé, sans snobisme mais sans perdre une once de crédibilité artistique, que ce premier album inédit sur les plateformes nous permet de redécouvrir.


Texte et photo Nicolas Vidal

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