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KCIDY : la pop dans le sang

  • Photo du rédacteur: Faces Zine
    Faces Zine
  • 21 oct.
  • 6 min de lecture

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Il est des carrières qui se font sans tambours ni trompettes mais qui durent, qui s’étirent dans le temps, qui expérimentent. Depuis 2019, Pauline Le Caignec, aka KCIDY, égrène de sa voix sucrée des mélodies pop foisonnante et orchestrales et des albums entre pop sixties et mélopées sautillantes. Le dernier en date, « L’immensité et l’immédiat » ne déroge pas à la règle des 3 D : dansant, dense, et dynamique. On pense à Elli et Jacno, à François Breut, à la variété pop seventies, mais on pense surtout à écouter de très bonnes chansons dont les mélodies accrocheuses n’empêchent pas une forme d’expérimentation sonore et qui fait le sel de ce nouvel album, qui est bien parti pour être l’un de nos sommets pop 2025. Rencontre avec Pauline dans un rade pop parisien où nous avons parlé du monde pop, des lieux qui inspirent et de l’enfance tapie dans un coin de la pop.



Si tu devais te présenter à quelqu’un qui ne te connait pas, comment te présenterais-tu ?

Je m’appelle Pauline, je suis musicienne, compositrice, et ça fait plus de 10 ans que je fais de la musique professionnellement. Je joue de divers instruments, dans différents projets. Mon projet perso, celui dans lequel je suis la cheffe, c’est KCIDY. J’aime la pop, les Beatles, mais j’écoute aussi beaucoup de choses différentes.


C’est le 4ème album de KCIDY. Comment le situerais-tu dans ta discographie ?

C’est un album qui est allé très vite, qui est encore assez frais. J’ai beaucoup aimé le faire car il a été très rapide. J’ai composé assez vite, et on a enregistré presque dans la foulée. C’est très confortable. Mon album précédent avait pris beaucoup de temps pour diverses raisons, et là, il y avait encore tout l’enthousiasme du début. C’est un album que j’ai fait avec une énergie plus spontanée, en essayant de faire quelque chose d’un peu brut, là où j’avais vraiment cherché la sophistication du détail sur le précédent. Sur celui-là, c’est plus énergique.


Quelle est l’impulsion qui te fait faire un nouvel album ? Est-ce que tu te mets au travail d’un coup ou au contraire, est-ce une pratique quotidienne de la musique qui te fais accumuler des chansons ?

Ça dépend. Là, j’ai eu une impulsion pour celui-ci. Je fais tout le temps de la musique, j’enregistre tous les jours et j’ai beaucoup d’idées que je ne développe pas. Quand j’ai envie de faire quelque chose, cela part souvent d’une nouvelle idée, même si je vais parfois piocher dans des idées plus anciennes. Pour cet album, j’avais envoyé des démos à mon label qui ne les a pas aimé, et ça m’a mis la pression donc j’ai fait un tout nouvel album. Et ils ont dit oui. Ça m’a mis un gros coup de pied au cul qui m’a vraiment motivé.


Ton album est un véritable album de pop. Il brasse différentes inspirations, de la pop sixties à Élli et Jacno pour faire vite. Il est beaucoup basé sur les mélodies. Qu'est-ce que cela veut dire de faire de la pop aujourd'hui ? Ce n'est plus une musique majoritaire, c'est devenu quelque chose de plutôt indé. Comment te sens-tu dans cet univers pop ?

C'est vrai que moi, j'ai vraiment grandi en écoutant du pop rock à la radio. J'ai baigné là-dedans, et j'ai l'impression qu'en 10 ans, tout a changé. Je me retrouve un peu comme une vieille, avec mes goûts, l'esthétique que j'aime faire. C'est assez étonnant pour moi. Je n'ai pas pris le virage de la musique qui se fait aujourd'hui. Ce n'est pas que je n'aime pas, je fais juste autre chose. Je n'ai pas plongé dans l’autotune, mais je ne dis pas que ce n'est pas bien. Cela ne m'a pas branché. Quand j'ai commencé à faire des concerts dans les années 2010, la pop était encore d'actualité. Aujourd'hui, toute cette scène indépendante, on se retrouve à devenir une esthétique de niche. Je l'accepte, c'est comme ça, mais ça pose plein de problèmes de diffusion, de concert, car c'est une musique qui se joue à plusieurs. Comme il y a de moins en moins d'argent pour ça, ça devient de plus en plus compliqué de faire vivre cette musique en live. C'est très déroutant pour moi. La pop a été la musique la plus populaire depuis les années 60, ce n'est pas une musique inaccessible, ce sont des mélodies, des accords, ce n'est pas expérimental. Je ne sais pas trop comment l'expliquer. Les gens qui écoutent le style de musique que je fais vieillissent, et il y a peu de renouvellement du public pour cette musique, dite mélodique. Là où toute la scène garage a réussi à se renouveler contrairement à la pop


Tu viens de Lyon. Mais tu as quitté la ville pour aller habiter à la campagne. Est-ce que cela change quelque chose de quitter la ville ?

Pour la créativité ? Je ne sais pas si cela change beaucoup de chose, mais je n'ai pas l'impression de faire des choses plus calme depuis que je ne vis plus en ville. Mais d'avoir un studio avec de la place dans un village, avec deux autres personnes, c'est vraiment le luxe absolu. Donc là par contre, cela change des choses. Je peux y aller quand je veux, travailler, quand je veux, au moment où je le veux. Ça, c'est ce dont tous les musiciens rêvent.


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Dans plusieurs de tes chansons, il y a des références à l'enfance. Il y a une chanson sur ton album qui s'appelle Johanna, où tu te mets à la place d'une petite fille. J'ai trouvé que dans les arrangements de ton disque, il y a une forme de spontanéité. Est-ce que ce serait lié à l'enfance ? Est-ce que tu es proche de ton enfance ?

Oui complètement. J'ai un enfant. Il est une source d'inspiration absolue. J'ai beaucoup d'amis qui ont des enfants, on est tous très proches. Johanna, c'est la fille de copain à moi. J'adore l'enfance, et mon enfance à moi est une grande source d'inspiration. J'aime bien me replonger dans ces années-là. Il y a quelque chose de très inspirant pour moi. Les souvenirs sont lointains, deviennent flou. Ce sont plus des souvenirs qu'on peut réinventer, et des impressions de souvenirs. Je n'ai pas une mémoire absolue, donc je sais que c'est quelque chose qui s'est transformé. Je trouve que le souvenir en général, est une grande source d'inspiration. Je trouve ça plus facile de s'inspirer du passé, même si ce n'est pas de la nostalgie. On a souvent plus de recul, et il y a de la douceur qui apparaît. Les choses qui arrivent ou qui viennent d'arriver, cela peut être inspirant, mais cela peut être un peu brut et un peu intense. Mais je pense que tout le monde est inspiré par son enfance. C'est globalement une bonne source d'inspiration.

Et puis, comme dans mon enfance, j'ai beaucoup déménagé, j'ai vraiment des souvenirs d'enfance très précis. En tout cas que j'associe à des maisons en fonction de mon âge. J'arrive à cibler un peu plus mes souvenirs, en fonction des endroits. Cela devient une sorte de petit film dans ma tête.


Tu as l'air d'être très attachée aux lieux ?

C'est le fait d'avoir beaucoup bougé. Les maisons dans lesquelles j'ai habité, ce sont plein d'endroits où se logent mes souvenirs. D'avoir bougé, ça m'a forgé d'une manière ou d'une autre.


Est-ce que tu avais une idée précise du son que tu voulais avoir pour cet album ?

Je ne voulais pas quelque chose de trop produit. Je ne voulais pas trop d'artifices, de grosses réverb, de choses noyées. J'ai toujours un peu une idée précise de ce que je veux. Là, nous avons beaucoup travaillé avec mes musiciens, sur les sons, et comme cela fait longtemps que je travaille avec eux, on commence à bien se connaître et les échanges sont assez faciles. Mais par exemple, pour les sons de guitare, on a bien peaufiné. Je voulais quand même de la guitare avec de la fuzz, mais qui n'arrache pas les oreilles.


Quelles sont tes influences en général pour faire de la musique ?

C'est la question qui tue, et à laquelle je ne sais pas répondre. J'écoute beaucoup de choses, mais lorsque je me mets au piano, je ne pense pas à la musique des autres artistes. Je n'ai pas d'idées en tête. Je joue et je vois ce que ça donne. Après, je fais tout à l'oreille et au feeling. Je n’essaie pas de suivre une ligne, une idée. Ensuite, quand il faut que je communique avec les autres, je donne quelques influences, même si je n'en ai pas beaucoup. Pour ce disque, j'avais envie de quelque chose qui soit un peu fou mais précis. C'est super dur pour moi de parler avec des mots de ce que je ressens quand je fais de la musique. Je pourrais quand même citer le groupe Animal Collective que j'ai beaucoup écouté en faisant certaines des chansons de l'album. Sinon récemment, j'ai été très marquée par Beak. Broadcast aussi, dans la production, les effets…


Tu vas tourner avec cet album ?

Oui, nous avons des dates en octobre et en novembre et ensuite, comme je suis enceinte, je vais faire une pause jusqu'au printemps 2026. Donc on tournera plutôt après. Il y a toujours une histoire de bébés avec mes albums.


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Interview et photos Nicolas Vidal

 
 
 

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