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Francofolies de La Rochelle 2021 : pop renaissance


Après un début d’année que l’on ne va pas ressasser ici, se retrouver dans une ville où la musique est pour quelques jours le centre du monde est une expérience qui nous avait grandement manqué. Les Francofolies, grande messe populaire qui mêle variété, nouvelle pop et découvertes, est le lieu de tous les contrastes pop et ça nous plait. En effet, pouvoir voir Nicoletta et Clara Ysé en concert dans la même journée a quelque chose de réjouissant et de tellement pop.


(Texte et photos NIcolas Vidal)

 

(Jour 1)

Notre première journée, au deuxième jour du festival, a été remplie de découvertes, de résurrections, et de larmes de joie de se retrouver entourés de gens très contents d’être là, chaleureux avec les artistes.

La reine de la journée, celle que personne ne voulait rater, fut sans conteste Pomme, auréolée de sa nouvelle popularité méritée et, pour la première fois en groupe pour son concert au théâtre Verdière. Habitués à les entendre en guitare/voix, ses chansons ont pris une direction plus sinueuse, remplies de textures presque électro, plus étranges. Et Pomme, plus proche et rieuse que jamais malgré son émotion et son attachement au festival, a joué de son naturel pour dire ses mots poignants, justes, et personnels qui ont résonnés dans le coeur des festivaliers conquis, se permettant même de faire chanter le public sur le “Désenchantée” de Mylène Farmer, hymne de cette nouvelle ère qui sied incroyablement bien au timbre particulier de la chanteuse.


Autre émotion : retrouver Miossec en forme, avec un groupe particulièrement bon qui a accompagné les chansons rugueuses du Brestois avec force et sensualité. D’abord très acoustique, sans rythmique, la première partie du spectacle était très émouvante, nous permettant de renouer avec le lyrisme des paroles de Miossec. Puis l’électricité arriva, et l’explosion pop qui allait avec, dans une énergie très communicative. Miossec est probablement l’artiste le plus émouvant de la pop française dans sa manière toute rentrée de hurler son désespoir. Beau moment.


Autre moment privilégié : écouter les artistes du chantier des Francos dans une balade (en)chantée au cœur de La Rochelle. Initiées l’an dernier à cause de l’annulation du festival, ces balades au cœur des sites historiques de la ville entrecoupées de mini concerts des artistes du chantier des Francos fut un moment très agréable. Ce jour-là, Ian Caulfield, The Doug, Clara Ysé et Martin Luminet ont enchanté ce parcours avec leurs chansons intimes. Quelle joie de découvrir en version dépouillée les beaux titres de Clara Ysé et le spoken word de Martin Luminet accompagné de quelques arpèges de piano, lui dont la rumeur très positive de son concert de la veille alimentait les conversations dans le port Rochelais.


(Pomme)

(Clara Ysé)

(Gaël Faye)

(Miossec)

(Martin Luminet)

(The Doug)

(Tim Dup)

(Ian Caulfield)

 

(Jour 2)

Notre deuxième journée fut marquée par une reine, une princesse et un prince.


La première grosse claque du jour nous fut administrée par le rock queer et tribal d’Aurus dont les envolées lyriques et ultra percussives nous ont donné envie de danser avec lui malgré le fait d’être assis dans un théâtre. Ses chansons, entre Woodkid et Bloc Party, ont parlé autant à nos jambes qu’à notre sensibilité queer (merci pour la voix de sifflet chère à Mariah Carey), et son énergie très forte et communicative ont emballé le public qui n’en pouvant plus s’est levé pour finir presque en transe ce set incroyable avec lui et ses musiciens. À suivre de très près.


Puis nous vîmes enfin Clara Ysé dans son spectacle entier, ou là encore, l’esprit et la plume absolument divines de la chanteuse nous ont subjugués. Quelle force dans l’interprétation de ses mots, dans l’intensité de son regard et dans sa manière de se mouvoir sur la scène ou, en athlète pop, elle ondulait au rythme des mélopées ultra profondes de ses chants (ou de ses incantations), le timbre altier lorgnant vers des musiques d’ailleurs mais dans un style dont le classicisme apparent cache en fait des torrents de feu. Sublime.


Puis la Reine Birkin vint enchanter la grande scène avec son style unique, ses nouvelles chansons en bandoulière, ses tubes à elle (Quelle joie de réentendre “Quoi” et “Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve”), et sa sensibilité apparente. Cerise(s) sur le gâteau, l’hommage à Melody Nelson au milieu du set avec les arrangements d’origine, et la venue de l’ami Etienne Daho, maître d’oeuvre de ce nouveau chapitre Birkinien, qui est venue interpréter avec elle “Oh pardon tu dormais” qu’ils chantent en duo sur le dernier album. Une Jane pop à souhait, solaire et statique, magique et intemporelle. Assurément une Reine de la pop française.

(Chien Noir)

(Emilie Marsh)

(Gaëtan Roussel)

(Aurus)

(Gisèle Pape)

(Imany)

(Jane Birkin)

(Jane Birkin)

(Siau)

 

(Jour 3)

Dernier jour pour Faces Zine et une affiche très testostéronée sur la grande scène avec Raphaël, Feu Chatterton, Benjamin Biolay et Katerine.


Les mâles alpha de la pop made in France n’ont cependant pas démérité, chacun dans leur style, et ont plutôt bien fait monter la sauce tout au long de la soirée.

Raphaël et ses chansons feutrées ont ouvert le bal avec la visite de ses 3 copains de la soirée. Touchantes et sensibles, ses chansons ont plutôt bien passé l’épreuve de la grande scène.


Ensuite, Feu Chatterton a fait décoller la soirée avec leurs hymnes taillés pour la foule. Nous devons admettre que nous ne gouttions guère aux chansons du groupe et à la voix particulière d’Arthur, mix de gouaille et de dandysme. Mais la folie et la générosité du groupe ont fini par nous emporter et à évaluer de nouveau les albums du quintette parisien. Il n’y a que les imbéciles…


Difficile après une telle folie de faire repartir une foule. Benjamin Biolay en a un peu fait les frais, attaquant son set par des chansons magistrales mais peu taillées pour les grands espaces. Faisant ensuite la part belle aux tubes de son dernier album et du premier (magistrale version de « Los Angeles »), il a finalement emballé le morceau et fait vibrer notre corde pop sensible.


Enfin le roi (ou la reine) Katerine a livré le show le plus époustouflant, fou, drôle, ludique, scatologique qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps. Absolument millimétré et agencé, Katerine renoue avec le Music hall eighties (on pense à Gotainer oú le grand orchestre du splendid) tout en y injectant une bonne dose de Lol 2021. La faute à des chansons stupides et magnifiques jouées par un groupe plus que parfait, qui sont autant comédiens qu’excellents musiciens. Ne tirant jamais la couverture à lui mais endossant un rôle de bouffon utile, Katerine prouve une fois de plus sa versatilité pop et son instinct de chanteur populaire un peu à côté. Magique et essentiel.


Et puis il y a eu les concerts ratés par manque de temps, de chevauchement, d’interviews, et de départ… Nous aurions aimé découvrir les nouvelles chansons de Siau, Birds on a Wire, UssaR, Martin Luminet, Catherine Ringer… Vivement l’année prochaine !


(UssaR)

(Thérèse)

(Raphaël)

(November Ultra)

(Katerine)

(Cyril Mokaiesh)

(Bonnie Banane)

(Birds on a wire)

(Athur de Feu Chatterton et Raphaël)




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