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Carmen Maria Vega présente Ella Lewis

  • Photo du rédacteur: Faces Zine
    Faces Zine
  • 19 mai
  • 11 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 mai


Cela fait quelques années que nous suivons Carmen Maria Vega que nous avions rencontré à l’occasion de la parution de son roman « Le chant du bouc » qui retraçait son parcours d’enfant adoptée sur les traces de sa famille originelle.

Son parcours d’artiste, démarré sur les chapeaux de roue avec le succès de « La menteuse » et un univers rock and chanson, avait séduit un large public au mitan des années 2010. Mais légèrement punk dans l’âme, Carmen n’a pas vraiment suivi la route tracée que son début de carrière suggérait en s’encanaillant dans des projets et des collaborations plus pop, passant d’une comédie musicale sur Mistinguett à « Garçon », un spectacle avec Cléa Vincent et Zaza Fournier, tout en continuant à travailler sur des albums avec la fine fleur de la chanson indépendante d’ici (Jean Felzine, Kim, Baptiste W. Hamon, entre autres) et maintenant Antoine Rault, son comparse de scène, déjà présent sur son précédent projet sur Boris Vian ou Carmen mélangeait l’univers de l’auteur de « L’écume des jours » avec une touche de cabaret.

Revenant désormais à son répertoire original et anticipant un nouvel album ou Carmen s’impliquera dans l’écriture des chansons, elle fera une halte à Paris au Café de la Danse le 3 juin, avec une invitée spéciale pour ouvrir le bal, la jeune chanteuse Ella Lewis que Carmen avait envie de présenter. Ella Lewis, fille de la regrettée Chanteuse Belle du Berry du groupe Paris Combo, dont le grain de voix sucré et délicat devrait charmer les amateurs de chansons douces. Belle du Berry, amie et autrice de Carmen, est donc le pont entre ces deux artistes qui se sont prêtées au jeu de l’interview croisée pour Faces Zine, et qui nous offrent en prime un duo filmé dans l’appartement de Boris Vian, lieu où la délicatesse va de pair avec un certain esprit de provocation, parfait résumé de ces deux chanteuses opposées  et pourtant admiratives l’une de l’autre.

Si vous deviez vous décrire l'une l'autre, qu'est-ce que vous diriez?  Carmen, comment présenterais-tu Ella ?

Carmen : Ella, c'est une chanteuse qui a vraiment quelque chose de bouleversant quand elle chante. Il y a presque une vieille âme en elle. Elle a 23 ans et elle a une technique vocale qui est incroyable. Moi à 21 ans, j'avais pas son niveau du tout. Je trouve qu’il y a quelque chose de bouleversant à chaque fois que je l’entends. Et ce n'est pas parce que je la connais et qu'on a un lien qui nous lie, sa maman. Elle a un vibrato qui me chamboule.

Ella : Pour moi Carmen, c'est quelqu'un qui a plein de cordes à son arc. Chanteuse, actrice, écrivaine. J'admire beaucoup le fait que je te vois toujours occupée, toujours sur plein de projets artistiques différents et je trouve ça génial les artistes comme ça,  qui ont plein de projets divers et variés. Et je te vois comme quelqu'un qui qui s'impose, qui ne s'excuse pas d'être là, et c'est quelque chose que j'admire beaucoup chez toi.


La personne qui vous lie, c'était la maman d’Ella, Belle du Berry qui était la chanteuse de Paris Combo, disparue il y a malheureusement quelques années. Comment vous êtes-vous rencontrées Carmen ?

Carmen : J'ai été présentée à Belle par mon ami Billie, qui est chanteuse. Amel de son nom d'état civil, avait demandé à Belle de lui écrire des chansons. Elle m'a fait écouter et c'était trop beau. J’adorais déjà l'album "Living room" de Paris Combo qui m'avait vraiment beaucoup bercé dans mon adolescence. Donc pour moi, c'était genre « wow » de la rencontrer. Je lui ai demandé une chanson pour mon album Santa Maria, et elle a écrit une chanson qui s'appelle « Jettatore » avec David Lewis qui est sortie en 2017, et puis derrière on s'est vues souvent pour boire des coups avec Amel, chez vous, à des fêtes et puis je l'aimais fort quoi voila.

Ella, tu as grandi dans un environnement musical, ton père est également musicien. Comment as-tu trouvé ta voie et ta voix au milieu de tout ça ?

Ella : Je pense que c'était super enrichissant et inspirant d'avoir des parents musiciens à la maison, parce que forcément, j'ai été bercé dedans depuis toute petite. J'ai commencé le piano, je faisais de la chorale, des choses comme ça. Donc ça a toujours été hyper présent dans ma vie au final et je pense que le chemin s'est fait un peu tout seul. Après, j’ai commencé un peu à l'adolescence à écrire des morceaux. Quand je suis partie en Australie, en 2022 pour y vivre pendant un an, j’y ai rencontré des amis qui sont musiciens et c’est là-bas que j'ai pu faire un peu mes premières scènes avec les morceaux que j'avais composé plus récemment. Et c'est là que j'ai réalisé que vraiment, j’avais envie de continuer et d'en faire mon métier.

Tu t'es mise à chanter plutôt parce que tu avais envie d'écrire des chansons ou est-ce que l'envie de juste chanter était déjà là aussi ?  Est-ce que tu penses que tu aurais chanté même si tu n'écrivais pas tes chansons par exemple ?

Ella : Je pense que oui parce que je chantais beaucoup quand j'étais petite. Je prenais vraiment du plaisir à chanter les chansons des autres aussi, avec d’autres voix dans des chorales. Et et au final , je n’ai pas commencé à écrire si jeune, enfin, j'étais ado quoi mais je pense qu’avant ça, il y a eu une longue période où je chantais beaucoup.


Parce que toi aussi finalement Carmen, tu es venue à la musique d'abord par le chant il me semble ?

Carmen : Par le théâtre d’abord. J’ai fait du théâtre très tôt à sept ans.  Pour la musique, je faisais de la flûte à bec en orchestre pour enfants, pendant 12 ans tout de même. Franchement j'étais trop bonne, j'ai tout perdu, je pense que je suis incapable de faire quoi que ce soit. Mais je pense que ma mère était la seule à adorer les enfants qui jouent de la flûte. C'est vraiment un truc qui est resté à l'école, au collège où les enfants jouent mal, mais moi je jouais plutôt bien, j’adorais ça. Après je me suis mise à la guitare un an, mais c'était vraiment pas pour moi, je pense aussi que je n'avais pas un bon instrument. Et après j'ai fait du piano pendant quatre où cinq ans et puis dès que j'avais un obstacle, je m'arrêtais. Et le chant c'est venu à 15 ans mais jamais très assumé.

Pourtant quand on t'a connu chanteuse, tu avais une voix plutôt puissante. Même question, comment tu as trouvé ta voix ?

Carmen : J'ai eu deux profs au collège qui m'ont donné confiance en moi. Le premier qui s'appelait Renaud Brand, m'avait enregistré une première maquette. La première fois où j'ai entendu ma voix, je m’étais dis que dans ma tête, elle sortait mieux ! C’était un peu violent et, à la fois, il faut bien commencer à s'entendre une première fois. Après, au lycée, j'avais fait écouter cette maquette à un autre prof, juste pour avoir un avis. Je ne savais pas si je chantais bien en fait. Il dit « ah oui, il y a quelque chose, donc tu vas chanter à la fin de l'année les Pink Floyd ». Un morceau ou il n’y a que des vocalises pendant sept minutes !

Bon évidemment, c’était pas bien, mais il y avait un truc quand même. En même temps, moi je voulais vraiment être comédienne plus que chanteuse. Et la rencontre avec mon premier auteur/compositeur a un peu accéléré le mouvement pour la chanteuse. On ne s'attendait pas tellement à ce que je marche si vite.  J’ai rencontré très vite mon tourneur, je pense au bout d’un an, alors qu'on était vraiment pas prêts. Ma voix, je l'ai trouvée un peu par voie de conséquence. Comme je voulais être comédienne, je cherchais la comédienne dans la chanteuse et la chanteuse dans la comédienne et ça a mis du temps. Je peux dire que je l'ai trouvé finalement, mais il n'y a pas si longtemps. Il faut parfois des années pour trouver son endroit. J’ai toujours fait effectivement des trucs un peu hybrides, et ça continue, mais voilà maintenant je ne suis plus une jeune fille.


Tu as été identifiée dans un format chanson. De la même manière que Paris combo, même s'ils sont très connus à l'international. Ella, quel regard tu poses justement sur cette chanson française de la fin des années 90/200? Tu es d'une nouvelle génération, quel regard portes-tu sur ce genre, au-delà du fait que ça soit la musique de tes parents?

Ella : c'est vrai que c'est un genre de cette époque que je ne connais pas forcément très bien. J’étais enfant, et je voyais ça par leur musique, mais aussi par le biais des gens qu'ils connaissaient dont Carmen. Je me souviens que quand j'étais petite et que j'avais entendu « On s'en fout », j'aimais trop. Mais c'est vrai qu’en grandissant, je n'ai pas beaucoup écouté de musique française, j'ai écouté beaucoup d'artistes anglophones en fait. Ce n’est que récemment que je découvre un peu plus aussi la scène musicale française, parce qu'en vrai, elle est super riche.


Carmen : Elle est bilingue de toute façon, dans l'écriture, tu vas plus naturellement vers l’anglais. Mais elle peut faire les deux.


Mais est-ce que justement c'était pour éviter aussi peut-être la comparaison avec tes parents, que tu as peut-être voulu chanter en anglais ?

Ella : En fait ça s'est fait assez instinctivement. J’ai un attachement à la langue anglaise. J’ai un peu développé un attachement particulier à vette langue et plus facilement, j'écrivais en anglais. Ce’est que récemment que je me suis mise à écrire un petit peu en français, mais en réalité, je trouve que c'est super difficile. C’est vraiment un autre exercice, un autre travail sur la langue aussi. Je suis allée vers ce qui était le plus confortable pour moi.


Carmen, tu avais fait une tournée justement avec Paris Combo en Australie ?

Carmen : Oui il y a deux ans déjà, et j'avais déjà tourné aussi en Australie à mes débuts, avec Mélanie Pain et Nadhea. J’avais adoré l'Australie. Mais c’était très émouvant d’y retourner 10 ans après avec Paris Combo en hommage à Belle du Berry. C’est la première fois qu'on t'entendait chanter Ella, des chansons de ta mère, donc autant te dire que ça chialait un peu ! Pour moi, c'était un petit peu difficile, je m'étais cramé le pied au deuxième degré à cause d'une sombre histoire de patate chaude qui était tombée sur mon pied ! Ne jamais enlever sa chaussette ! Donc je suis partie en fauteuil roulant, poussée par ma meilleure amie, avec un pied beau. Et j'ai chanté sur scène avec une espèce de chaussure orthopédique très sexy, j'ai fait croire aux australiens que c'était la mode de n’avoir qu'une seule Prada au pied haha.


Ella, c’est c'est le moment où t'as chanté pour la première fois des chansons de Paris Combo ? Qu'est-ce qui t'as donné envie de le faire justement ?

Ella : Je pense que j'avais vraiment envie de participer au projet.  C’est aussi à travers la musique que l’on peut vraiment se connecter aux personnes, de pouvoir vivre la célébration de l'intérieur, et pas juste comme spectatrice. Je pense que ça l'aurait beaucoup ému, que ça lui aurait beaucoup plu et en fait je me suis pas trop posée de question. J’étais juste trop contente de pouvoir participer.


Avant cet entretien, vous avez chanté une chanson de Paris Combo ensemble. Pourquoi cette chanson?

Carmen : Je l'avais entendu la chanter en Australie, et c'était tellement émouvant que je m'étais dit que j'aimerais trop un jour la chanter avec elle.

Carmen, pourquoi as-tu eu envie qu’Ella chante avant toi au Café de la Danse ?

Carmen : Ella avait déjà fait ma première partie aux 3 Baudets et ça s'est un peu imposé naturellement parce que je l'avais entendu chanter et que ça m'avait vraiment bouleversée. Parce qu'elle a l'air de vraiment se balader vocalement, ça n’a pas l'air d'être une souffrance, tout est juste, tout est souple tout est doux. Et puis j'adore ses chansons, vraiment, et j'avais envie que les gens la connaissent.


Les concerts que tu fais en ce moment se nomment Carmen Ultra et tu joues de nouvelles chansons qui ne sont pas encore sorties ?

Carmen : On fait un peu des anciennes chansons pour faire plaisir aux fans et puis on a beaucoup de nouvelles chansons, mais on ne les fait pas toutes parce que je suis pas encore satisfaite de tous les arrangements. Ce sera un disque totalement différent de celui d'avant que j'adore - j'aime tous mes albums dans l'absolu - mais je n’aime pas refaire les mêmes choses. Là, ce sera un album qui parle de la femme, de la sensualité, de l'amour.

C’est un disque qui me permet de trouver ma liberté de femme. En plus je fête mes 20 ans de carrière cette année, et j'ai 40 ans. Je suis arrivée à un moment de ma vie artistique où tout ce que j'ai accumulé ces dernières années avec les projets de comédies musicales et de cabaret, m’ont permis de creuser et de chercher des endroits de liberté qu'on n'a pas forcément dans la musique qui est toujours un peu cloisonné. J’essaie d’assumer pleinement ce que je suis. C'est pas très difficile non plus, mais de pouvoir transformer tout ce que j'ai appris et le mettre maintenant au service de la femme sensuelle que j'assume être, c’est la liberté que j'essaye d'avoir et que j'espère avoir en tout cas. Ce sera un disque très dansant en tout cas sur lequel j’ai travaillé avec Antoine Rault qui m’accompagne sur scène, et William Rousseau. Antoine a amené vraiment l'essence de plein de morceaux et William a vraiment amené le twist. Ensuite sur cet album, la grande nouveauté, c'est que j'écris. J’étais venue à la musique par la voix, mais j'aimais aussi le travail de binôme avec des auteurs compositeurs. Là depuis deux ans j'ai plein de chansons qui viennent, je sais pas pourquoi j'en ai écrit plein.

Est-ce que c'est l'écriture de ton roman qui a débloqué la chose ?

Carmen : Pas tant que ça en fait. Ce que j'ai écrit dans "le chant du bouc", c'est une thématique qui n'a rien à voir avec ce que je suis en train d'écrire. Par contre j'écris un autre livre en ce moment qui est vraiment en écho avec l'histoire d'une femme très libre.


En France, on a parfois du mal à comprendre et à suivre les artistes qui sont dans différentes catégories, qui ont des projets transversaux. Tu fais aussi beaucoup de cabaret, qui est aussi une forme de tradition de la chanson, mais qui est de nouveau à la mode avec justement, Madame Arthur et toutes les créatures et la Barbichette. Il y a même aussi des cabarets féministes. C’est devenu une vraie scène alternative et en même temps qui fédère un certain public alors qu'avant, c'était effectivement quelque chose de niche ou d'un peu caché.On allait au cabaret pour s’encanailler.

Carmen : Il y a quand même de toute façon toujours cette notion là puisque c'est le cas, les gens viennent s’encanailler et se surprendre à rigoler de choses dont ils ne se permettraient pas dans leur vie. Le cabaret, c'est un peu l'endroit où tout est permis. C’est un labo à ciel ouvert, on peut faire une chanson un jour, livrer une interprétation ou un numéro un autre. On parle vachement de numéro dans le cabaret. S’il ne marche pas très bien on peut le refaire le lendemain, l’améliorer, le faire autrement.


C'est c'est aussi le royaume de l'artifice avec justement une une forme d'outrance. Vestimentaire, de maquillage, d'interprétation aussi. Ella, comment tu regardes ça justement, toi qui pour l'instant fait des chansons avec une voix douce, en piano, voix ? Est-ce que c'est quelque chose qui t'attire par exemple d'aller vers quelque chose d'un peu plus outrancier entre guillemets?

Ella : Le Monde du cabaret et tout cet univers, c'est un monde que je ne connais pas super bien. Mais je trouve que des artistes comme Carmen qui a cet élément super présent dans sa musique, qui assume cela sur scène, même si je ne me verrais pas faire exactement la même chose, il y a des parties qui sont hyper inspirantes, et ça me donne envie de peut-être un peu évoluer au fur et à mesure.

Je débute donc je sais que j'ai une marge de progression et tout ça, et on peut intégrer les inspirations à notre manière.


Au final dans les années 70, tous les artistes glamrock, de Roxy Music à Bowie, tout ça venait aussi du cabaret .

Carmen : Ils sont partis de leur créature pour s'assumer en tant qu'individus et en tant qu'artiste sur scène. Moi ce sont ces gens-là qui m'ont fascinée quand j'étais petite, surtout Freddy Mercury. J’étais fascinée par ce mec avec cette voix, incroyable, cette cape de reine. Je voulais être lui.

Et c'est sûr que dans le cabaret, les créatures peuvent évoluer justement. Ce qui est très important, c'est que pendant un temps, c'était quand même que des mecs dans ce milieu. Et là ils ont compris qu'il y avait quand même dans les années 20 et avant, beaucoup de femmes. Donc il fallait redonner une place aux femmes dans ce genre. C’était hyper important.




EN CONCERT LE 3 JUIN AU CAFE DE LA DANSE / PARIS


Interview, photos et video : Nicolas Vidal



 
 
 

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