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Arthur Fu Bandini, Pop Révoltée

  • Photo du rédacteur: Faces Zine
    Faces Zine
  • 10 avr.
  • 5 min de lecture


Il est des mélodies absolument irrésistibles, quel que soit le genre musical, qui nous attrapent et ne nous lâchent plus. Parfois pour toute la vie. Cette alchimie est très mystérieuse puisque toutes les mélodies ne parlent pas aux gens de la même manière, sauf - cas rares aujourd’hui - si une chanson devient un tube, un gros.

C’est ce qui nous est arrivé en 2023 avec le titre « L’être à vous » d’Arthur Fu Bandini, chanson pour laquelle nous avons eu une affection immédiate, ou la voix, le texte, la mélodie, les arrangements nous apparurent presque parfaits, si la perfection pop existe. On retrouve ce magnifique titre, remanié pour l’occasion, sur le premier EP d’Arthur Fu Bandini, « Ça n’a jamais été mieux avant (Volume1) ». Cette fois, la chanson est entourée d’autres titres somptueux, rares, qui n’appartiennent à aucune mode ni mouvance particulière. « Quand je commence à faire un morceau, je ne réfléchis pas au style. Je ne réfléchis à rien à part ressentir les vibrations qui se passent au moment de l'écriture. Et bien sûr, la prise de parole qui va être engagée sur la musique. Je fais en sorte que ce soit audible. Et ensuite chacun reçoit la chanson comme il veut. Je n'ai pas envie de penser, ni au style, ni au produit. Je ne pense pas à l'aspect commercial, même si c'est une réalité qu'il faut prendre en compte. Ce qui compte pour moi, c'est le partage. Qu'il y ait une personne ou cent qui aiment ma musique, ça ne change pas grand-chose. »


Si on devait définir quand même une orientation musicale dans ce projet, on pourrait associer les chansons d’Arthur au rock, mais un rock sans guitares, avec des titres rugueux dont la révolte sous jacente passe par la voix, les textes, et l’attitude d’Arthur Fu Bandini, sorte de Pierre Clémenti pop. « Naturellement, quand je compose, je ne vais pas forcément vers la guitare. Si je démarre par des textures ou des rythmiques que je programme, ce sont les sons qui m’emmènent avant la mélodie. Ça se dessine comme ça. Mais c’est vrai qu’en ce moment j’ai un peu lâché la guitare. » En revanche, on retrouve quelques bribes de sons que l’on avait déjà apprécié dans le projet précédent d’Arthur, Soleil Bleu, un duo pop formé avec Lou Lesage, et dont le titre « Le Navire » nous avait chaviré avec sa rythmique un peu reggae. « C’est vrai que c’était peut être un petit signal déjà en germe. L’équipe avec qui on a fait l’EP de Soleil Bleu m’a encouragé à garder le côté un peu reggae du refrain qui fonctionnait bien. Et puis j’ai écouté beaucoup de dub, de reggae, du rocksteady… Les Clash m’ont aussi fait prendre cette direction. Ils se sont sentis très libres à l’époque de piocher là-dedans et d’y faire référence. Ensuite, il faut l’adapter au propos. Je ne me vois pas raconter mon petit problème personnel avec ce style de musique. »


Il est clair qu’avec les chansons d’Arthur Fu Bandini, on est loin des petits problèmes de la vie quotidienne et c’est tant mieux. Poétiques et révoltés, ses textes sont emprunts d’une poésie qui lorgnerait vers un Bashung ou un Higelin, figures tutélaires impossibles à éviter quand on veut faire sonner de français. « Quand on me dit que le morceau « Gober » évoque Bashung, ça me va très bien. C’est une figure incroyable. Daho ou lui, ce sont des exemples. On est forcément influencés par ces gens-là, notamment dans la manière d’agencer les mots. Quand tu vois que pour « Fantaisie Militaire » tout est parti des textes avant la musique. Jean Fauque arrivait avec des idées et Bashung corrigeait, coupait, retravaillait…  Il associait des textes différents. Et ses mots amenaient les mélodies. Un peu comme les surréalistes, il voulait faire sonner le mystère. ». On pense aussi un peu à la scène de Bristol des années 90 qui mélangeait les rythmes et les voix reggae à la pop anglaise. « J’aime beaucoup Massive Attack. Le morceau « Karmacoma » notamment. Tricky aussi. Mais ma musique n’est pas Trip Hop. Je me reconnais dans le côté hybride de ces projets-là. J’aime cette liberté du mélange musical. »


A l’heure de la mise en scène de soi sur les réseaux, il est rare d’avoir affaire à un artiste qui pense un peu plus loin que le nombre de likes. Qui essaie d’avoir un peu plus de hauteur sur les choses qui l’entourent.  « Il y a des paroles qui font écho. « Réussir réussir, c’est quoi » que je dis au début de la chanson « Gober » c'est un une forme de slogan qui peut venir parler aux gens. Après je ne veux pas asséner des sortes de vérité. C'est dur d'avoir la solution. Vivre en harmonie, c'est mieux. Réussir, c'est arriver à trouver sa liberté, son chemin avec les autres. Faire de la musique, c'est trouver son propre chemin. Il y a quelque chose d’impalpable, et en débroussaillant les émotions, les sentiments, les interrogations, on ouvre une nouvelle porte, on dégage des nouvelles frontières qu'on se crée nous-mêmes, et on crée un univers qui nous est propre et qui va évoluer avec les autres et les rencontre. Il y a un espace qu'on invente. C'est un chemin vers une forme de liberté. »


La musique reste pourtant une aventure plutôt solitaire pour Arthur, une sorte de laboratoire intérieur un peu protégé du monde extérieur, mais pas si étanche que cela. « J’ai toujours pensé que la musique était un saint exutoire. C'est un endroit où on peut se retrouver, quand on est seul, ou avec des gens de confiance, on peut tester des choses, se planter, être à côté, mais c'est juste une façon de tomber pour se remettre en marche. C'est une façon de se protéger car on peut se défouler, mais il ne faut pas faire de mal aux autres. C'est une vraie protection. Cela vient à amortir tout. » Seul en studio, seul en scène, à son rythme. « Je travaille seul dans mon studio, tant pour l’enregistrement que pour le live. J’invite parfois des musiciens et j’aimerais le faire plus sur les nouveaux morceaux. »


On se demande si cette douce révolte que l’on a ressenti sur le disque se retrouve sur scène, là ou la voix d’Arthur Fu Bandini parait posée  et qui contraste justement avec l’énergie des titres. « Il y a une vraie différence entre le live et l'enregistrement. La question s'est posée, comme j'ai travaillé le live au même moment que l’enregistrement de certaines chansons. Après l'enregistrement, je me suis posé la question de refaire les voix avec plus d'énergie. Par exemple en concert je prends les chansons une octave plus haut. Je rajoute un peu de saturation sur la voix, il y a plus de délay. Au final j'ai refait quelques voix et j'ai mixé les deux. Le volume deux sera un peu moins doux au niveau de l'interprétation. Il y aura plus de révolte, plus d'urgence. J'ai commencé à lire Camus, « l’homme révolté ». C'est une posture et une façon de voir les choses qui me plaît. On est touché par tout ce qui nous tombe dessus avec le téléphone, les infos à chaque minute. Le contexte mondial se dessine, les guerres, l'extrême droite. Il y a une urgence à mettre tout ça à plat, d’en parler et de voir si cela fait écho chez les autres. »


La bonne nouvelle est donc qu’il y aura un Volume 2 des chansons d’Arthur Fu Bandini. On espère entendre aussi le volume 3 et de voir comment va évoluer sa pop sensible et son rock à clavier. En tout cas, on a déjà des chansons de lui qu’on va aimer pour la vie, et ça, c’est déjà mieux qu’avant.



Ça n’a jamais été mieux avant, EP disponible.

En concert le 24 Avril à Paris à la Java et le 26 avril à Pezenas au Festival Bobby Lapointe.



Texte et photos Nicolas Vidal

 
 
 

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