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Amour Dalle


Comment parler de l’admiration, de la passion artistique que l’on ressent pour un peintre, un cinéaste, une actrice ? Comment trouver la bonne distance entre l’admiration béate, le commentaire critique et le romantisme transi ?


Fabrice Du Welz avec « La passion selon Beatrice » ne transige finalement sur aucun de ces points en filmant le voyage en Italie d’une Beatrice Dalle sur les traces de Pasolini, idole de l’idole, pour mieux parler d’elle, mais surtout pour la filmer dans sa vérité, dans son admiration sans mièvrerie et son romantisme (au sens primaire du terme) sombre et délicat.


Il y’a des scènes d’une beauté à couper le souffle, de véritables mises en scène documentaires dans ce film qui cherche sans cesse à aller vers la fiction, avec les interventions des collaboratrices (actrices, scénariste), des témoins de la vie de Pasolini ainsi que le cinéaste Abel Ferrara, auteur d’un biopic du réalisateur.


Beatrice écoute, Dalle pleure, le tout immortalisé par le noir et blanc somptueux qui au lieu de nous mettre à distance nous émeut aux larmes. Parce que Beatrice Dalle est touchée par Pasolini, les larmes aux yeux nous montent devant l’authenticité de sa passion, sans flagornerie envers l’œuvre du cinéaste italien, juste comme une femme qui se reconnaît dans une œuvre artistique.


Il faut le dire ici, nous sommes fan de Beatrice Dalle depuis l’adolescence. Son parcours, sa personnalité, sa soif d’absolu nous ont accompagné depuis de nombreuses années sans faiblir.


La filmographie d’une actrice apparaît après 40 ans d’activité comme autonome, faite de choix et de hasard. Celle de Beatrice Dalle lui ressemble, actrice plus que comédienne, sans compositions transformatrices ni tableau de chasse calculé. Comme dans le film « H Story » de Nobuhiro Suwa qui fixait déjà une étape quasi documentaire sur l’actrice, « La passion selon Beatrice » enterre fermement l’idée de Dalle qui se suffit à elle même pour créer un film autour, sans jouer à être quelqu’un d’autre. Pas besoin d’histoires, juste d’une caméra qui capte tout ce qu’elle est prête à donner. Et, nous, on prend tout, sans réserve.


Nicolas Vidal

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