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Morgane Imbeaud sort du Cocon


Morgane Imbeaud ressemble à sa musique : douce, franche, souriante et mélancolique. Elle sort le 24 janvier son premier album solo, “Amazone”, condensé de pop mélancolique très réussi qui la voit passer de l’ingénue teenager qu’on a découvert dans Cocoon à la femme plus sûre d’elle : “ C’est vrai que j’en n’ai un peu marre d’aboyer pour me faire entendre. Je suis quelqu’un d’assez doux. La douceur et la gentillesse ne sont pas des valeurs qu’on met en avant, et ça me rend folle. On est dans une société anxiogène mais on refuse la douceur et la bienveillance alors que c’est la clé de tout. Me définir Amazone, c’est aussi pour m’affirmer. Sans écraser les autres, mais juste dire « je suis là ». ”


On avait un peu perdu sa trace depuis quelques temps, alors qu’elle n’a jamais cessé de travailler depuis son départ du groupe Cocoon, que ce soit en collaborant avec d’autres artistes ou sur des projets personnels : “ C’est vrai que j’ai souvent travaillé en duo. Cocoon, Peak, Elias Driss… J’aime bien les rencontres, mais je crois aussi que ça m’arrangeait bien car je pouvais me cacher encore un peu. H Burns, qui a réalisé mon disque, m’a vraiment aidé à passer un cap, à arrêter de chanter comme une petite fille. J’avais pris des habitudes, je chante depuis que j’ai 18 ans. J’en avais un peu marre de minauder dans ma manière de chanter et il m’a aidé à ça.”

La voix de Morgane a effectivement changé. On y retrouve ce charme, ce goût sucré que l’on aime, mais effectivement dans un ton plus affirmé, parfois plus sombre : “La voix c’est un instrument, ça évolue beaucoup. Et j’ai travaillé ma manière de chanter, car cette fois c’était en français. Et puis j’ai osé m’affirmer par le chant. J’ai 30 ans maintenant. Même si j’ai toujours un côté juvénile, je ne suis pas une petite chose fragile qui a besoin d’être protégée.”


On pense parfois à Stina Nordenstam, aux chanteuses du nord, mais aussi parfois à France Gall, notamment sur le titre d’ouverture de l’album, “Au nord” “J’ai grandi avec elle, et ça me fait plaisir si on pense à elle.” C’est aussi quasiment la première fois qu’on entend la voix de Morgane en français, sauf quand elle accompagnait un autre auvergnat, Jean-Louis Murat. “C’est arrivé comme ça. Grâce à lui, je me suis débloquée avec le français. On avait collaboré ensemble sur ses albums et sur “Les songes de Léo”. C’est complètement différent d’écrire en français. Il y a un ton plus autoritaire je trouve.”


Mais quid des chapelles de langues, elle fait chanter un chanteur américain, Chris Garneau, en français, et une actrice française, Marina Hands, en anglais :. « Je ne l’ai pas fait exprès. Marina, elle chantait pour la première fois sa vie. Elle a une manière de placer sa voix très particulière. J’aime beaucoup cette femme. je ne savais pas si elle allait accepter. On se connaît par des amis communs et j’aimais beaucoup ce qu’elle dégageait. Chris Garneau, on se connait depuis 12 ans je crois. et ça faisait longtemps qu’on voulait chanter ensemble. Sa musique est super belle, il est doux, gentil. Il a fait des premières parties de Cocoon, et j’étais comme une dingue. On est toujours resté en contact, j’ai fait des choeurs sur son dernier album. Et il a aimé la chanson que je lui ai proposé, donc c’était super.


Musicalement, l’album oscille entre un côté froid dans certains sons de claviers, et des cordes chaleureuses contrebalancées par l’interprétation de Morgane, tout en fausse ingénuité. “ C’était vraiment voulu. Il y a des sons actuels que j’adore, comme chez Franck Ocean par exemple, et ça a forcément influencé ma façon de faire des chansons par moment. Mais c’est difficile de faire la même chose ici avec moins de moyens. Ça ne sonnera jamais pareil. Quand on fait des maquettes dans son home studio, vouloir reproduire ce qu’on écoute peut nous influencer d’une mauvaise manière. C’est peut être mieux d’essayer de rester nous mêmes, avec nos bagages. Ça ne sert à rien d’imiter quelqu’un pour qui ça marche. On peut faire de la musique intemporelle. Les modes tournent. Et H Burns et mon label m’ont aidé à aller dans ce sens. On a le même manager avec H Burns, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Je ne savais pas trop ou je voulais aller. Je faisais mes chansons toute seule, et j’ai testé plusieurs réalisateurs pour voir où cela menait. C’est tellement important pour un disque, et c’est un peu étrange à faire. Et H Burns a été le premier à me dire que la musique que je faisais était très différente de celle que j’écoutais, et qu’il fallait aller dans le sens des chansons.”

Ce disque a aussi permis à Morgane de s’affranchir de certaines peurs, autant artistiques que personnelles, que l’on ressent dans le très beau morceau “Gressholmen”: : “Je suis quelqu’un de très angoissée qui a peur de faire des choses seules. Et il y a 2 ans, je suis allée en Norvège, sur une île qui s’appelle Gressholmen dans le fjord d’Oslo. Toute seule. Quand je suis arrivée sur cette île, j’étais seule. Mais vraiment seule. Et je me suis mise à pleurer de beauté. Tout allait bien, je n’avais plus de pensées. J’ai fait des photos, et je suis restée deux heures sans penser à rien. La Norvège est un pays qui me rassure. J’y retourne régulièrement. Il y a une bienveillance dans les pays du Nord.


Il y a aussi de la bienveillance chez Morgane Imbeaud, qui loin de Paris et ses tumultes, ses fausses amitiés et ses réseaux, a gardé une candeur, un naturel spontané et attentif aux autres, que l’on ressent en écoutant son disque, mais aussi en la rencontrant : « Je suis devenu femme et féministe il n’y a pas si longtemps. Je n’ai grandi qu’avec des garçons, même dans le milieu de la musique. J’étais toute jeune. Je pense que j’ai été élevée un peu dans le côté « Sois mystérieuse et tais-toi. ». Les femmes m’ont manqué au bout d’un moment. Mais pour moi, être féministe, c’est être humaniste. D'où l’image de l’Amazone. Maintenant j’ose parler à des femmes, alors que pendant longtemps je n’avais pas d’amies filles. Pendant des années, on nous a appris à plaire à l’homme uniquement. Et j’étais dans ce schéma. Il faut se soutenir entre artistes, mais également entre femmes.»


Et nous souhaitons à Morgane Imbeaud que son bel “Amazone” soit un soutien pour beaucoup d’auditrices et d’auditeurs, qui vont sans doute succomber à son charme pop, discret et puissant à la fois.


SOUS INFLUENCES DIVINES

“ L’artiste qui m’a le plus influencé, je dirais que c’est Cat Power. Sa posture, son talent, sa voix, sa musique. Elle n’a besoin de rien pour faire des mélodies somptueuses et pour en imposer. Je suis très envieuse et admirative de cette femme.Dans les albums, je dirais « A chorus of storyteller » de The Album Leaf. C’est un album qui ne m’a jamais lâché et que j’écoute toujours. Comme les « Solo Piano » de Gonzales. Ce sont des albums qui arrivent à me détendre et que, je pense, j’écouterais toujours dans 10 ans. Et ça fait du bien. Je les écoute tout le temps. Ce sont des albums rassurants.En cinéma, « Bird » de Clint Eastwood, sur Charlie Parker, est un film que j’ai adoré. J’aime les biographies. Ce film montre la dureté de ce milieu, surtout à l’époque.L’un de mes livres préférés - même si j’ai un peu honte de dire ça car c’est un peu prétentieux - c’est un livre de poèmes de Nietzsche. Au moment d’écrire en français, je suis tombé sur le poème « La jeune pêcheuse » qui m’a beaucoup inspiré. Je reviens tout le temps à ça.Et puis je vais citer Marina Hands. Je l’admire énormément. Ce n’est pas une femme qui est dans l’air du temps. Elle avance, elle fait des choses, tout en étant très douce. Elle n’a pas besoin de minauder, et j’aime le fait qu’elle fasse les choses sincèrement. “

Nouvel album "Amazone" disponible le 23 janvier








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