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5 moments pop : Christophe


Le beau bizarre n’est plus. Étrange sensation tant on était habitué à sa présence pop depuis les années 60 et “Aline”. Tour à tour ringard et branché, has-been et populaire, il était depuis quelques années une référence absolue en matière de pop synthétique, lui qui ne jurait que par les claviers depuis les années 70. La nouvelle génération lui a donné raison tant les nappes analogiques résonnent dans tous les albums french pop (et au-delà). Mais le plus séduisant chez lui était sans doute son absence de hiérarchie entre le bon et le mauvais goût, citant Lou Reed et Alan Vega comme des maîtres mais composant parfois des mélodies que l’on aurait pu entendre chez Barry Manilow. Une singularité qui se ressent dans sa discographie où se côtoient “les mots bleus” et “Boule de flipper”, “Les marionnettes” et “La dolce vita”, “Succès fou” et “Comme un interdit”. Retour forcément intime et subjectif sur 5 chansons du dernier des Bevilacqua que l’on aime tout particulièrement.

Les marionnettes

Titre phare de la période yéyé du chanteur, ce titre est l’un des plus étranges que la pop française ait connue. Tour à tour comptine pop à la mélodie facile et conte horrifique légèrement creepy, on sent poindre un fétichisme morbide tout en étant touché par ce grand garçon qui joue avec des poupées de papier pour dire sa peine. Beaucoup plus étrange que l’inaugural “Aline”, “les marionnettes” est toujours aujourd’hui l’un des titres les plus connus de son auteur. D’abord très orchestrée, la chanson est devenue au fil du temps dans la discographie du chanteur une ballade poignante comme lui seul savait en faire.


Les mots bleus

La chanson et l’album du même nom sont sortis en 1974, et ont imposé Christophe comme un grand artiste pop, nimbé de mystère et d’une aura mythique. La chanson est un slow seventies parfait, d’un lyrisme et d’un romanesque rarement égalés depuis. Le texte est écrit par Jean-Michel Jarre, pas encore le compositeur futuriste qu’il deviendra plus tard. Fleur bleue et maniéré, le thème des amours contrariées est ici magnifiquement retranscrit dans le conditionnel employé : les fameux « Mots bleus » purs et neufs que le narrateur n’arrive pas à déclarer. Le tout est emballé dans une ambiance rococo portée par la voix pure du chanteur. Car Christophe est probablement le seul chanteur a faire des mélodies aussi cheesy avec un premier degré qui nous fait tout avaler (Remember la chanson “Succès fou”?). Le titre est depuis devenu un classique absolu. Notons également la version magistrale de Bashung, sortie en 1999, légèrement plus nimbée de fumée.


Succès fou

La chanson mètre étalon du côté cheesy de Christophe. Tout paraît ringard dans ce titre : le romanesque suranné (les gants blancs), la vantardise à peine voilée et les choeurs faciles. Mais rien n’y fait, on succombe fatalement à cette mélodie dont les accords tire larmes nous chavirent le cœur. Les années 60 étaient revenus en force en ce début des eighties synthétiques, les sons de synthés remplaçant les guitares et les arrangements orchestrés. Et Christophe en 1983 ne paraissait pas anachronique et signait même là un tube, au premier degré comme à chaque fois.


Boule de flipper

Corynne Charby est une chanteuse populaire des années 80. D’abord actrice (On la voit dans “La chèvre” de Francis Veber), elle fait un carton au Top 50 en 1986 avec ce titre composé par Christophe et écrit par Jean-Michel Bériat. Le titre est un condensé musical eighties, entre la new wave de Propaganda et les boîtes à rythme de Depeche Mode et devient très vite un classique de l’époque, un gimmick eighties très dans l’air du temps. Mais c’est aussi une mélodie sublime, immédiatement identifiable qui prouve que Christophe savait écrire des chansons à la fois personnelles et universelles qui touchent directement. Il en a fait récemment une relecture avec Juliette Armanet sur un album de duos, et la nouvelle version est absolument incroyable, d’une modernité pop que peu d’artistes de sa génération étaient encore capable de produire.


Comme un interdit

Le retour en grâce de Christophe dans les médias est dû à ce sublime album, “Comme si la terre penchait” qui contient “Comme un interdit” dont les paroles d’Elisa Point flottent parfaitement sur la mélodie de Christophe. Encore une fois une chanson obsédante dont les accords sont poignants. Sentimentale et moderne, cette chanson pourrait à elle seule résumer la carrière de Christophe : un texte amoureux et mélancolique sur une mélodie à la fois dramatique et légère. Un mélange que lui seul maniait à la perfection. La pop perd un grand orfèvre.


Bonus : Boby / Loane feat.Christophe

"Boby" est une chanson de Loane à laquelle Christophe prête sa voix. Ce titre écrit et composé par Loane paraît sur l'album "Le lendemain" en 2011. On imagine aisément ce qui a pu séduire Christophe dans cette chanson très réussie au refrain ensorcelant. La chanson narre le quotidien nocturne de Boby, jeune femme qui cherche et se cherche dans la nuit qui avance. On sait que Christophe vivait la nuit et la chanson de Loane décrit pleinement cet abandon sous les étoiles, entre conte quotidien et fable synthétique, où les voix de Christophe et Loane s'unissent jusqu'à l'aube. Une belle collaboration.













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