5 moments pop : Madonna
Depuis presque 4 décennies, elle règne sur le monde de la pop music. Incroyablement créative et riche, sa carrière compte autant de chefs d’œuvre que de ratés, des provocations qui ont alimenté la controverse aussi bien qu’éveillé les consciences. Alliée LGBTQI+ et féministe, elle a inventé la matrice de la pop star actuelle, sachant gérer toutes les nouvelles formes de communication. À l’occasion de la sortie de « Finally Enough Love », compilation de 50 titres classés dans les clubs en version longues ou remixées, retour sur 5 moments pop qui sont pour nous l’acmé de sa carrière foisonnante.
Into the groove
Toutes les personnes qui sont nées à partir des années 80 ont probablement dansé sur l’un des plus gros hits eighties de la chanteuse. Extrait de son deuxième album « Like a Virgin”, le titre est également la bande son du film « Recherche Susan désespérément » dans lequel la chanteuse débutait au cinéma. Incroyablement moderne et dans l’époque, le look de la chanteuse a inspiré des millions de teenagers qui voulaient lui ressembler. La chanson, pop et dansante, est produite par Madonna et Steven Bray, premier artisan du son de Madonna dans les eighties. Légers et très bubble gum, les gimmicks synthétiques sont un condensé de l’époque insouciante, une ode à la jeunesse qui s’époumone sur les dancefloors. Star en devenir à l’époque, Madonna est encore cette jeune fille ambitieuse aux yeux perçants qui attire irrésistiblement tous les regards.
Live to tell
Le 3ème album de Madonna, « True Blue » est le point culminant, l’apothéose pop qui a fait d’elle une star interplanétaire. Sur les 8 titres qui constituent l’album, 5 singles ont été sortis, asseyant un peu plus à chaque fois la stature de reine de la pop de Madonna. Le single « Live to tell » marquait à l’époque le début de l’exploitation de l’album et nous paraît toujours aujourd’hui la chanson la plus intemporelle de l’ère « True Blue ». Ballade électronique, ce titre montre une facette plus sensible de la chanteuse, romantique mais sans la mièvrerie 80’s. Une composition très réussie que l’on doit également à Patrick Leonard et Madonna elle même et qui arrivait juste avant le ras de marée de « La isla Bonita » qui est toujours l’un de ses titres les plus populaires.
Like a prayer
L’album et la chanson qui ont succédé à « True Blue » se devaient d’être à la hauteur, une fois les ambitions interplanétaires achevées. Et l’attente ne fut pas vaine tant la chanson et l’album sont le point de bascule entre les hits planétaires et la reconnaissance de Madonna comme songwriter. Avec cet album, elle montre qu’elle peut définitivement écrire autre chose que des chansons pour danser, même si l’album en comporte quelques une, comme « Express yourself » et donc « Like à payer ». Hymne pour les stades, gospel pop et prière pour dancefloor, « Like a prayer » reste le plus grand hymne de la chanteuse. La mélodie, subtile et bubble gum à la fois, est irrésistible et crescendo : impossible de résister.
Justify my love
Inédit de sa première compilation « The immaculate collection » après 4 albums (sans compter les BO de "Who's that girl" et Dick Tracy avec "I'm Breathless"), « Justify my love » est une chanson très simple et diablement efficace composée par Lenny Kravitz qui commence à devenir le hit boy des nineties. La collaboration peut surprendre mais aller le chercher à cette époque montrait déjà l’intérêt de la Madonne pour les nouvelles pousses de la pop. Cette chanson vaut autant pour le clip de Mondino qui montre une Madonna très sexuelle s’adonnant à des amours plurielles dans un noir et blanc très contrasté. Comme une parodie glamour avant l’heure des sextapes de célébrités, elle s’ébroue avec son boyfriend de l’époque, le très hot Tony Ward, bousculant les tabous sur la sexualité féminine. Elle mène la danse et entame avec cette chanson ultra sexuée, son épopée « Sex » avec un livre, un film, et un album, « Erotica », qui sans être complètement raté, est le premier « bide » de sa carrière.
Substitute for love
Madonna a passé la première moitié des nineties un peu dépassée, entre les divas à voix grandiose telle Mariah Carey et l’avant garde des chanteuses européennes comme Björk. Elle signe bien quelques tubes comme le très réussi « Secret », mais apparaît plus comme une suiveuse que comme celle qui lance les tendances. Il faut attendre la sortie en 1998 de « Ray of light », son album le plus réussi, pour qu’elle revienne au premier plan et assoit sa réputation de productrice qui a du flair en allant chercher William Orbit, producteur anglais qui avait travaillé avec Etienne Daho, et qui plus tard produira Britney Spears. Il faut dire qu’exilée à Londres et devenue mère, Madonna retrouve l’inspiration tant au niveau des sons que des chansons. « Substitute for love » qui ouvre l’album en est le parfait exemple: sur des sons froids électroniques et des guitares presque new wave, elle n’a jamais semblé si sincère et naturelle, faisant presque un mea culpa pop de star fatiguée par la célébrité et redevenue elle-même à travers la maternité. Le titre pourrait être mièvre mais est très touchant, première pierre à l’édifice de la période musicale la plus intéressante de la chanteuse, qui jusqu’à « Confessions on a dancefloor » sort des albums réussis avec des producteurs de qualité comme Mirwaïs ou Jacques Lu Cont.
Titre Bonus
What it feels like for a girl
La collaboration de Madonna avec le producteur français Mirwaïs s’est étalée sur plusieurs albums (jusqu’a « Madame X »), mais leur collaboration la plus intéressante nous paraît être l’album « Music », sur lequel se trouve ce titre incroyablement pop et mélancolique ou la voix de Madonna, au propre comme au figuré, est très juste. Sur une introduction qui reprend un extrait du film « Cement Garden » d’Andrew Birkin, ou la voix de Charlotte Gainsbourg parle de l’évolution de la femme, Madonna prouve une fois de plus son intérêt pour les marges (ce film n’est pas très connu) et la France, pays dont elle a toujours aimé les artistes et l’a toujours clamé, des sœurs Labèque à Edith Piaf.