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Nicolas Vidal par Loane


Une voix douce et chaleureuse suspendue entre Daho et Darc, des refrains mélancoliques et lumineux, des paroles délicates et ciselées, une atmosphère évanescente plongée dans le son moelleux de synthés et de mélodies enveloppantes, une production léchée entre piano, sons électroniques, basses lourdes et rythmes lascifs : voici l’univers clair obscur de Nicolas Vidal, enfant des années 80 au ton pudique, à la pop électro chic flirtant avec la cold wave et l’italo disco.L’album “Bleu Piscine” nous plonge dans des fonds pailletés et élégants, sexuels ou violents, arrachés et dansant, pourvus d’une sensibilité aigüe, oscillant entre fantasque et pudeur folle. En continu, plane l’ombre des rapports physiques, de l’amour déchu, des dérapages touchants et éternels. Auteur compositeur et réalisateur de son album (avec Valentin Aubert), Nicolas Vidal nous livre ses récits intimes de voyages, de départ, de transe, de jouissance, et c’est bien son coeur à fleur de peau que l’on sent juste derrière ses notes et ses mots. Quand le vécu et la profondeur de l’histoire ne peuvent se décoller de l’inspiration d’un artiste authentique et multi-casquettes. Nicolas ne s’attendait pas à ce qu’on l’interviewe. Cette interview a été improvisée avec Alka Balbir et Xavier Jamaux. Comme il ne parle jamais de lui sur Faces et qu’il va jouer le 7 novembre à L’international les chansons son album “Bleu Piscine”, on avait envie de l’interroger à notre tour, au nom de tous les artistes qu’il a reçu dans Faces.


Ça évoque quoi pour toi « Bleu Piscine » ? Pourquoi ce titre ?

J’ai écrit la chanson “Bleu Piscine” devant une piscine en Thaïlande. J’étais en vacances, j’avais le temps d’écrire, emporté par la magie de ce paysage idyllique. Je venais de voir l’exposition sur David Hockney dont les images tournaient encore en boucle dans ma tête. Devant cette piscine, je pensais à Isabelle Adjani, très fan de son unique album. Le projet est né comme ça, inspiré par différents bleus. Les photos de la pochette ont été improvisées à Lisbonne avec le photographe Sébastien Navosad où on est tombé nez à nez avec une immense piscine vide dans un parc, Il m’a photographié sans savoir que ces clichés deviendraient le visuel de mon album. On a même improvisé un clip ce jour là. Toute l’imagerie de l’album est partie d’ici, mes chansons parlant beaucoup de mer et d’eau, tout cela me semblait d’une cohérence évidente.

Quelles chansons vas-tu jouer sur scène ?

Des chansons du dernier album et du 2e album “les nuits sereines n’existent pas”. Et puis peut être une reprise. Je serai seul sur scène, avec un clavier et un iPad

Parle moi de « Pop Boy à Paris ». J’ai emprunté ce concept à un ami à moi dont c’était le surnom sur Myspace au siècle dernier. Pop Boy c’est pour rendre hommage à mes influences British. A l’origine cette chanson devait être sur mon deuxième album. Je suis fasciné par l’Angleterre, tout son rapport à la pop culture qu’on a beaucoup moins ici. En France on a longtemps senti un certain complexe quand à la langue française dans la pop ou le rock. On s’est beaucoup moqué d’Indochine par exemple. Il n’y avait guère que Daho et Chamfort qui avaient la carte. C’est ma chanson déclaration d’amour à l’Angleterre. J’aime tellement la culture anglaise, le côté décomplexé des anglais. Là-bas, on peut dire qu’on aime Kylie Minogue et le dernier groupe hyper pointu. J’aime cette liberté dans la musique. J’adore la pop culture, les actrices qui chantent, top of the pops… Ados tous les groupes dont j’étais fan étaient des groupes anglais, The Cure, Dépêche Mode. Et puis j’ai grandi dans les années 80, la décennie pop par excellence. (Intervention d’Alka Balbir : Moi j’ai dit que j’aimais Britney Spears quand j’avais 18 ans, j’ai pas eu d’amis pendant des années) On devine beaucoup d’expériences, de premières fois, d’histoires physiques, de rixes, de pouvoir, de voyages initiatiques dans ton disque… Tu parles de tes bleus (“je me retrouve comme un enfant, puni, des bleus sur ses repères” («AR (mon amour) »), cet album est-il une piscine thérapie ? Ah c’est pas mal ça, l’eau est un élément apaisant ! L’album est composé de chansons qui ont été écrites à des périodes très différentes. Il y a même des titres qui auraient du être sur mon premier album, comme « Sous ton ombrelle ». Mais en même temps, je ne crois pas que la création puisse servir de thérapie, au contraire même. Moi je crée des disques ou des images avec mes obsessions et mes failles, et je ne veux surtout pas les guérir. En tout cas, je les garde sous le coude. Mais les bleus à l’âme symboliques sont dans tous mes disques. Mon premier album s’appelle « Des ecchymoses ». Après, j’aime beaucoup la légèreté, et j’essaie d’allier ces deux choses.


Que penses-tu de la phrase de Gainsbourg “L’amour physique est sans issue” ? C’est une belle phrase, un peu péremptoire, très romantique. C’est assez vrai dans le sens où c’est une quête qui dure très longtemps, l’amour physique. Après, c’est une très belle formule de chanson, mais dans la vraie vie, je ne suis pas sûr que ce soit vrai. On n’a pas toujours besoin de souffrir pour écrire de très belles chansons sensibles et romanesques…

Dans tes textes il s’agit beaucoup de se cacher pour se trouver, de chassés croisés, d’illusions, de disparition, d’attente, de douleur, de douceur aussi. Quel est ton rapport au corps ? aux vêtements et aux déguisements ? J’ai un rapport au corps ambigüe. Je n’aime pas particulièrement le mien, sans être trop complexé non plus, enfin je crois. Et je déteste me déguiser. Quand j’ai commencé à faire de la musique sérieusement, je sortais d’une formation théâtrale, et les gens qui m’entouraient à l’époque me poussaient beaucoup à sur-jouer mes chansons, ce que je détestais. J’avais envie de faire les choses en douceur, j’écrivais déjà ce que je ressentais, je ne voulais pas le jouer. Après, on fait aussi du spectacle, et j’aimerais parfois avoir plus d’audace, oser des choses physiques, vestimentaires, ce que je ne fais pas. J’admire les artistes Queer, les transformistes, les Drag Queens qui osent et n’en sont que plus émouvants. Je trouve que les artistes qui ont une réflexion totale sur leurs projets et qui ont les moyens de le faire, sont souvent audacieux. Mais bon, chacun sa manière. On va dire que chez moi, c’est plus feutré. La chanson “La vie d’avant” est une touchante ode à l’enfance, à cet état de grâce, et d’insouciance. As tu commencé la musique à cause des dimanches après midi ? Je ne sais pas si j’ai commencé à cause de ça, mais l’ennui des dimanches après-midi m’a poussé à lire énormément, à écouter beaucoup de musique, à rêver ma vie. J’ai envisagé très tôt une carrière artistique, mais on me faisait vite redescendre sur terre. A l’adolescence, je passais ma vie à regarder des films, à rêver devant Béatrice Dalle et Mickey Rourke, à vouloir être eux alors que j’étais tout l’opposé. J’ai beaucoup fantasmé sur des gens, des situations. J’étais très très rêveur. Et ça, ça m’a aidé à écrire des chansons, c’est sûr. Ça aide à avoir un regard un peu poétique sur les choses, et c’est très utile pour faire des chansons. Comment as-tu appris à jouer du piano? De manière très autodidacte. J’en joue d’ailleurs assez mal. Quand j’ai commencé à faire de la musique, je travaillais avec des compositeurs à qui je confiais mes textes. Et puis plus j’écrivais, plus j’avais des mélodies qui venaient. Et ça commençait à être assez laborieux de trouver les harmonies que je voulais sans en passer par un travail avec l’instrument. Anne, une copine de l’époque, avait un home studio avec un clavier, et m’a montré les rudiments de la MAO. C’est là que j’ai commencé à composer plus sérieusement, à trouver le son que je voulais faire. J’ai eu un clavier chez moi assez tard en fait, après mon premier album. Je pense que j’ai une bonne oreille, bien que je manque cruellement de technique. Qui est John ? Comment es née cette chanson ? J’ai écrit ce texte à la suite du scandale des propos antisémites du designer John Galliano quand il a pété les plombs. Je suis très admiratif des couturiers en général, et bien que ses propos furent extrêmement choquants, sa personnalité m’a toujours fasciné. Je comprends vraiment que les juifs se soient sentis attaqués. C’est pourquoi je questionne le « Malentendu ». Son extravagance, ses créations sont à l’opposé de cette haine, et ce paradoxe m’a intéressé. J’ai trouve que cela faisait un bon sujet de chanson. A l’époque, je composais des chansons avec Constance Petrelli pour un duo qu’on voulait monter. On a fait la musique ensemble, et finalement la chanson s’est retrouvée sur « Bleu Piscine ». Es-tu amoureux de l’amour comme dans « Eté dandy » ? Ah oui, vraiment. J’aime cet état de désir, d’envie de l’autre, de manque. Mais aussi de cruauté, de jalousie parfois. C’est une matière incroyable. Cette chanson m’a été inspirée par Jacques De Bascher qui était un dandy mondain, amant de Karl Lagerfeld et Yves Saint Laurent. C’était un amoureux des mots et un adepte du sexe à plusieurs, de sado maso. Enfin d’après les biographies, car il était je crois très mystérieux. J’aime ces êtres multiples, qui ont des idées très arrêtés sur tout. Et qui sont entourés d’un certain romantisme morbide, avec des zones d’ombre. C’est fascinant.


Peux tu m’en dire plus sur la chanson “roche” ? On entend la disparition, le vertige ? C’est une chanson qui m’est venue d’un jet, paroles et musique, sur un bateau en Corse. Je suis littéralement tombé amoureux de ce paysage rocheux dans la mer. Et j’ai eu cette idée de décrire ce que je voyais comme si je décrivais une personne, avec les jeux sur la roche, la matière, qui ressemble parfois à des armures humaines, une certaine protection. Je me suis enfermé dans les toilettes du bateau pour chanter la mélodie sur mon téléphone, car je n’étais pas seul, et j’ai fait la maquette dés mon retour à Paris. Elle reste une des chansons que je préfère d’ailleurs car elle est simple, et reste un peu mystérieuse pour moi. Elle m’est littéralement tombée dessus cette chanson. Est ce que tu composes en ce moment ? J’ai écris 3 titres récemment, musique et paroles. Ça faisait un moment que je n’avais pas crée. J’écris tout le temps, notamment pour Faces, mais pas des chansons. Et ça fait tellement de bien de se reconnecter avec une inspiration plus personnelle, bien que j’adore interviewer les gens et écrire des portraits. Et puis je travaille sur un projet autour de Françoise Sagan avec Niki Demiller.


Ton site est devenu un rendez-vous incontournable de la promo musicale sur le web. Quelle est la rencontre la plus surprenante que tu aies faites avec Faces ? Je crois que c’est Bertrand Burgalat. Il avait très peu de temps mais a été très généreux. Il m’a impressionné. C’est quelqu’un de gentil, très poli, mais avec une personnalité forte, à l’énergie très puissante. Il m’a envoyé des messages de remerciements après l’interview, ce que tout le monde ne fait pas, et il m’a donné l'impression d’avoir été très concerné par le moment qu’on avait passé, attentif et généreux. Je ne suis pas journaliste de formation, et je vois les interviews comme des moments de rencontre plus qu’un exercice promotionnel, et quand les artistes sont dans le même esprit, c’est très très agréable. Et puis Cléa Vincent, car il y a vraiment eu un changement après son portrait. D’abord, c’est une des premières artistes à avoir accepté de jouer le jeu de ce portrait alors que le site démarrait. Elle était très prise à ce moment là, mais dés qu’elle a eu le temps de le faire, elle a été elle aussi très concernée. Je suis très fan de sa musique et j’ai découvert une belle personne, solaire, dans le partage. C’est elle qui a changé la notoriété du site. Elle a gentiment beaucoup relayé l’interview. Après, les gens du métier et le public se sont plus intéressés au site. Je reçois beaucoup de demandes que je ne peux malheureusement pas honorer. Le site a une belle image et attire les artistes et les labels. Ça me touche beaucoup. Et il y a les amitiés qui sont nées après une interview, comme avec toi Loane où Niki Demiller. C’est la cerise sur le gâteau de ce projet dans lequel je m’investis énormément !

Album "Bleu Piscine" disponible

En concert à l'International avec Loane et Thibaut Pez le 7 Novembre

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