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Violet Arnold, touche Bristish et dream pop française


Quand on écoute pour la première fois les chansons de Violet Arnold, notamment « The road », le premier titre de son EP, on est tenté de la ranger directement dans notre librairie musicale mentale parmi les chanteuses disons nordiques, dont l’écoute prolongée de Björk aurait influencée la création. Sauf que nous faisions complètement fausse route. A l’écoute de « Tamise », le deuxième titre, on a plutôt été happé par cette comptine extrêmement touchante aux faux airs de chant traditionnel britannique. « Dans ce projet, j’avais la volonté de me réapproprier ma culture. Je parle beaucoup de ma famille dans mes chansons. De ma grand-mère, de mon oncle, du déracinement. »


Qui est donc Violet Arnold ? Probablement une vielle âme dans un corps de jeune femme, mais surtout Tressy, une chanteuse française de la région parisienne à l’histoire familiale particulière et finalement universelle : « Quand j’étais enfant, j’étais très impressionnée par le fait d’avoir des grands parents étrangers. Je suis française, mes parents aussi, mais mon grand-père était égyptien et ma grand-mère anglaise. Et je la vénérais. A cette époque, l’intégration passait par le fait de ne parler que français, ce qui fait que dans ma famille, on ne parlait pas anglais. Je pense que j’ai voulu chanter en anglais, aussi pour me rapprocher d’elle, des mes origines anglaises. Et puis elle avait ce nom magnifique, Violet Arnold. Et prendre son nom était un bel hommage. La chanson « Tamise » parle également d’elle. Et puis elle était très fière que je fasse de la musique. Elle en parlait beaucoup et ça me faisait plaisir. »

Ce n’est pas la première fois que l’on entend la voix de Tressy sur un disque. Mais celui-ci est à l’opposé du folk-blues qu’elle défendait dans son premier projet, le duo June & Lula, duo féminin/féministe dont l’expérience en major a précipité la fin : « On a crée June & Lula à la fac. On a très vite trouvé un producteur et on a sorti 2 albums en licence en major. Mais 2 filles de 20 ans dans ce monde macho et parfois pas très sain de la musique, c’est compliqué. Entre le fait de passer pour une diva parce que tu tiens à tes idées, les mains baladeuses et les baisers volés, ça nous a un peu saoulé. On est toujours très pote, mais on a préféré passer à autre chose. »


Cet autre chose se passe désormais de gros sous mais pas de volonté ni de créativité. Et même si les textes revêtent une ambition plus personnelle, plus intime, la fabrication des chansons est malgré tout passée par le filtre du ras le bol masculin : « Je préfère travailler avec moins d’argent, en totale indépendance, mais au moins je suis sûre de travailler avec les bonnes personnes, qui vont respecter mes idées, mes envies. C’est difficile de s’imposer en tant qu’artiste, pour tout le monde. Et en tant que femme, on est peu représentée dans le business. Au début du projet, je ne travaillais d’ailleurs qu’avec des filles, des musiciennes. Au moins, il n’y avait pas le problème de la séduction. Après, il peut y avoir des problèmes humains et finalement j’ai travaillé avec des garçons sur le disque, mais en confiance totale. »

Et en effet, on se dit qu’il en a fallu de la confiance pour enregistrer ces 4 chansons sensibles, sur le fil d’une orchestration ambitieuse et minimale, entre Woodkid et Bat For Lashes, avec la voix comme élément central, se passant parfois de la musique dans les interstices de la production assurée par SiAu : « Ce disque a été conçu autour de la voix, qui est mon instrument principal. Bien sur je fais des claviers, mais je compose d’abord à la voix. Il y a plusieurs titres sur le disque dont les arrangements ont été faits autour d’elle. SiAu, qui a réalisé l’album a été très ouvert à mes envies. On a parfois refait mes maquettes à l’identique, parfois c’est lui qui faisait les arrangements. On avait envie que tout sonne de manière organique malgré les instruments électroniques. Ma voix est finalement le seul élément organique, et on voulait qu’il apporte de la chaleur. »


Et de chaleur, ces 4 chansons n’en manquent pas malgré leurs tenues plutôt hivernales, toutes liées par la même intimité et la voix de Violet Arnold, juste et plus puissante qu’il n’y paraît. Ce timbre que l’on avait jusqu’à présent entendu qu’en duo prend désormais toute la place qu’il mérite, maîtrisé et touchant. L’hiver se passera enveloppée dans les mélopées confidentielles de ce premier EP dont on espère une suite avant l’hiver prochain.


SOUS INFLUENCES DIVINES


« Les chanteuses qui m’ont marqué sont très éloignées de la musique que je fais. Nina Simone, Aretha Franklin ou Ella Fitzgerald ont été des profs de chant incroyables. Cette vérité dans la voix, ce grain. J’ai beaucoup écouté de soul à l’adolescence et ça a nourri vraiment ma façon de chanter. J’avais envie de cette largeur, sortir de la technique. Janis Joplin a aussi été très importante. Cette quête d’honnêteté est tellement osé, assez punk finalement. La chanteuse Lise m’a fait cet effet sur scène récemment. J’étais en pleurs à la fin. Aujourd’hui, j’aime beaucoup Agnès Obel, Fiona Apple, James Blake, Bon Iver, Denai Moore.

Romain Gary a été très important pour moi. Sa langue, son histoire romanesque, et ce point de vue toujours enfantin dans les histoires qu’il raconte comme dans « La vie devant soi », et évidement dans « Les promesses de l’aube ». J’ai aussi été très marquée par « Les raisins de la colère » de Steinbeck. Je ne voulais pas que ce livre se termine, j’étais bouleversée à la fin.

Je suis très fan du cinéma Sud Coréen, notamment de Bong Joon-Ho. « The host » et « Memories of murder », c’est incroyable. Il a digéré tous les codes du cinéma hollywoodien, mais en fait il t’amène complètement ailleurs. C’est super fort. Sinon, quand j’ai le blues, mes films médicaments sont « Thelma et Louise » et « La famille Tenenbaum ». J’adore Wes Anderson et le fait qu’il fasse vivre autant de personnages. Et j’aime cette naïveté un peu en dehors de la réalité, ou les gens n’ont pas le même égo que dans la vraie vie. Tout est fluide, sans résidus, et ça me remonte vraiment le moral. « Thelma et Louise », c’est un peu un cliché pour une féministe, mais c’est tellement bon. L’évolution des personnages, la scène avec le camionneur, je trouve ça génial. J’aime beaucoup Meryl Streep. J’ai vu « Out of Africa » récemment, et je l’ai redécouverte dans ce film. Et j’adore l’acteur de Bong Joon-Ho, Song Kang-Ho. »


Violet Arnold, nouvel EP Disponible

En concert avec Lisa Portelli le 14 Décembre au Forum Léo Ferré à Ivry Sur Seine





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