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Vanessa Paradis, 5 moments pop

Après son retour estival au cinéma dans « Un couteau dans le coeur » de Yann Gonzales et « Photo de famille » de Cécilia Rouaud, Vanessa Paradis donnera de ses nouvelles musicales vendredi 14 Septembre avec son nouveau titre "Ces mots simples". En attendant, retour sur la carrière de Vanessa Paradis en 5 moments pop, de ses collaborations MUSICALES les plus inattendues aux images cultes de Mondino, en attendant la sortie de son nouvel album au mois de novembre.


OVER THE RAINBOW / LIO

Quand à 14 ans Vanessa Paradis a déboulé dans la musique, tout le monde a trouvé ça génial. Silhouette d’adolescente typique, timidité emprunte d’enfance, grand pull orange sur jean troué, Vanessa a été l’incarnation parfaite de la fin des eighties insouciantes. Et puis « Joe le taxi », une imparable rumba pop sur un texte embrumé de références jazzy, n’avait rien d’évident au firmament du top 50. Mais quelques mois après, tout le monde a trouvé ça ringard. Il était de bon ton de cracher sur elle et de la vanner, un peu partout. Mais heureusement, quelques figures pop & roll de l’époque l’ont beaucoup défendue. Guesch Patti, Catherine Ringer et Lio se firent les avocates du diable en clamant haut et fort que cette fille avait du talent à revendre. Les Rita Mitsouko l’ont d’ailleurs invité à chanter « les histoire d’A » dans une émission de télé, tout comme Lio avec qui elle a chanté « Over the rainbow » sur le plateau de Michel Drucker, comme une passation de flambeau entre la lolita des comics et la future lolycéenne Gainsbourienne. Et quoi de mieux que cette chanson issue du magicien d’Oz pour réunir ces deux timbres à la modernité parfaite. Le faste Hollywoodien incarné par une ex ado survoltée et une teenager presque femme. Deux icônes pop dont les carrières n’ont cessé d’influencer les futures princesses pop de France et d’ailleurs. Car Vanessa Paradis a aussi incarné les flamboyantes années 80, bien que son premier album, « M&J » sorti en 1988 ne soit pas connoté synthés/boites à rythmes. Il existe également une photo prise dans un studio de radio ou les deux chanteuses sont rejointes par Héléna Noguerra, et qui rappelle la fameuse photo du trio Ferré, Brassens et Brel version Ok podium, mais qui pour tout amateur de pop sucrée constitue un talisman bien plus précieux. Vanessa et Héléna Noguerra se sont retrouvées quelques années plus tard dans « L’arnacoeur » de Pascal Chaumeil, comédie pop et romantique ou elles jouaient deux meilleures amies.


MONDINO

Jean-Baptiste Mondino a façonné l’esthétique pop eighties à coup de pub Kodak et de clips moites pour Axel Bauer ou de pochettes surprises dénudées pour Prince. La première collaboration de Vanessa avec le prince de la surexposition date du début des années 90, et la planète pop ne s’en est pas remise. Afin de lancer la promotion du deuxième album de Vanessa écrit par Gainsbourg et Langolff, « Variations sur le même t’aime », le premier titre clippé fut « Tandem », un hymne aux jeux de mots Gainsbouriens sur des riffs accrocheurs et néanmoins assez rock. Mondino imagine une ambiance ultra moite avec guitariste à seins nus, choristes agressives, gogo dancers choupinous et une Vanessa en très gros plan aux yeux charbonneux, le tout dans un noir et blanc très contrasté. Le clip est une pure réussite, asseyant l’image de Vanessa Paradis en reine glamour et provocante, très au dessus le la mêlée pop du début des années 90. La collaboration entre Mondino et Paradis s’est poursuivie depuis, entre clips et séances photos mémorables, transformant Vanessa en princesse grunge dans une décapotable en Californie pour le clip de « Natural high », ou en disciple de Pina Baush pour une série de photos pour Libération, sans oublier les pochettes de deux albums, « Lovesongs » et le disque produit par Lenny Kravitz.


LENNY KRAVITZ

L’acmé pop de la carrière de Vanessa est probablement son album avec Lenny Kravitz, sorti en 1992. Un album fondateur du mythe Paradis, tant pour les chansons (« Be my baby », « Natural high ») que pour l’aura internationale de ce duo dont le look va être adopté par toute une génération de pré-influenceurs. Kravitz au début des nineties est le it boy de la musique. Look seventies et beauté du diable, il vient de sortir les deux meilleurs albums de sa carrière (ce que l’on ne savait pas à l’époque), « Let love rule » et « Mama said », condensés de pop psychédélique et de rock vintage. L’album qu’il compose pour Vanessa reprend tous les ingrédients de la musique pop américaine et va faire découvrir à toute une génération qui n’a pas encore vingt ans les précieux songwriters mythiques des années 60/70. Des Suprêmes (« Be my baby ») à Burt Baccarach (« Your love has got a handdle on my mind ») en passant par le swinging London des Beatles (« Sunday Mondays ») et le Velvet Underground (la reprise du « Waiting for the man »), cet album dense et court va asseoir la réputation sans faille de Vanessa pour les collaborations trendy et faire d’elle la muse de la planète pop pour qui tout le monde veut écrire l’histoire musicale. Car au delà d’une photogénie évidente et d’une personnalité forte, Vanessa Paradis a aussi un flair musical sans faille et un goût très sûr qu’elle a partagé allègrement. Et qui ont permis à ses fans ados (en tout cas à ceux qui s’intéressaient à la musique) de découvrir des groupes en dehors des radars de l’époque. Des Zombies à Lou Reed, en passant par les Kinks, les Stones, ou Marianne Faithfull, Paradis a repris ces artistes, les mêlant à son répertoire pour le meilleur. C’est aussi le moment où la Paradis mania atteint son apogée avec une tournée à guichets fermés et des teenagers hystériques qui s’habillent comme elle et l’érigent en superstar, ce qu’elle est toujours restée depuis.


THE LITTLE RABBITS

Si l’on oublie cinq minutes les collaborations prestigieuses faites de noms très connus (Gainsbourg, Roda-Gil, Chédid, Biolay, Kravitz, Bashung), on trouve dans la discographie de Vanessa Paradis des noms plus inattendus : Albin De la Simone, Alain Chamfort, Brigitte Fontaine, Mathieu Boogaerts, Thomas Fersen. Et si on regarde d’encore plus près, on trouve les Little Rabbits, groupe punk pop nantais avec qui Vanessa a enregistré 5 chansons pour la BO du film « Atomik Circus ». Collaboration absolument inattendue mais réussie, ou la voix de Vanessa fait des merveilles sur des mélodies à la limite du shoegaze et du chachacha. Vanessa, plus Bardot que jamais sur « Ma pétroleuse », s’amuse visiblement à chanter dans cet ovni filmé où elle joue une chanteuse aux prises avec des aliens et un impresario dégueulasse incarné par Benoit Poelvoorde. Le film n’a pas eu le succès escompté, mais la BO est devenue culte et compte un slow bouleversant, « le petit vent du désert », comme un pont entre Christophe et My Bloody Valentine, ou la voix de Vanessa, suave et cristalline n’a jamais été aussi bien utilisée.


WEEKEND A ROME

On ne peut pas parler de Vanessa Paradis égérie pop française sans évoquer ses duos avec Etienne Daho, proclamé pape du genre par la presse spécialisée. Leur première collaboration télévisuelle a eu lieu sur le plateau des restos du cœur pour interpréter en piano voix le tube de Vanessa « Dis lui toi que je t’aime » écrit par Serge Gainsbourg et Franck Langolff. Magnifique duo, sobre et touchant. On a appris quelques temps plus tard qu’ils devaient interpréter « Des heures hindoues » de Daho, mais que finalement, ils avaient préféré chanter ce titre. Une maquette de la version des Heures hindoues est néanmoins sortie sur la compilation « Monsieur Daho ». Mais leur moment pop reste la reprise de « Weekend à Rome » réarrangée par Nouvelle Vague en bossa languide sur leur album "Couleurs sur Paris", ou Etienne joue à Lio (qui chantait avec lui sur l’original) en répondant à Vanessa, dont il faut souligner le timbre de voix absolument unique. Car c’est aussi ça la force de Vanessa Paradis : pouvoir se mouvoir dans les interstices de la pop grâce à cette voix atypique. Souvent imitée, jamais égalée, elle a su charmer les ténors de la variété autant que les poètes indés, les jeunes filles en fleur et les garçons sensibles. Et tout ceci en préservant ardemment son aura sans lasser le public d’une trop grande exposition musicale, lui donnant l’envie de l’écouter et de découvrir son évolution de façon régulière mais sporadique. Un nouveau chapitre de l’histoire pop de Vanessa Paradis se lira cet automne, avec on l’espère cette même curiosité et cet attrait pour les marges qu'elle a su populariser sans vendre son âme au diable.




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