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Margot Cotten, Paris, USA


Margot Cotten, 27 ans, chanteuse, compositrice, productrice, est bien française malgré le doute qui nous a assailli à l’écoute de son dernier single, « Feel no shame », condensé d’Americana que l’on croyait tout droit sorti de Nashville.

Souriante, immédiatement sympathique, elle nous offre son 45 tours en arrivant dans un troquet de Pigalle. Sur le bel objet, trône son nom, affublé du nom de son groupe, The Bee’s kness. Comme les Hertbreakers de Tom Petty, le E street Band de Springsteen ou les Bad Seeds de Nick Cave. « J’ai rajouté the Bee’s knees sur ce single car, bien que j’ai apporté les chansons au groupe, on a vraiment arrangé les titres ensemble. J’aime vraiment jouer avec ces musiciens. D’ailleurs, quand ils ne sont pas là, je joue seule en acoustique. Je n’aime pas trop les remplacer. Mais comme ils sont bons, ils sont souvent pris. Ce sont eux qui donnent le son pop/country/rock aux morceaux. Quand je joue seule, c’est plus folk/country, plus doux, plus pour les fans de lexomil. »


Pourtant, point de déprime dans la musique de Margot Cotten, qui a déjà sorti deux albums, le premier éponyme en 2014 et « 2&2 » en 2015. Plutôt un voyage spatio-temporel dans les limbes seventies, entre Nashville et la Nouvelle Orléans, assez loin de la musique urbaine qui sévit actuellement dans le reste du monde. « Je cherche encore ma place dans la musique française. On me reproche souvent de sonner trop seventies, mais je me dis qu’un jour quelqu’un va trouver ça génial. Pas parce que c’est moi, mais parce que la musique et les artistes peuvent servir de relais. Et que peut être que quelqu’un qui entendra ma musique sur Spotify aura envie d’aller écouter les Doors et de se plonger dans ces influences du passé. Comme une sorte de flambeau qui me permettrait de communiquer avec les autres et de parler d’un album de 1972 avec quelqu’un qui aura aimé ma musique. »

Car il s’agit bien de cela, la passion de la musique, des artistes, de la mélodie parfaite, et de construire son identité à travers tout ce qui peut tomber dans ses oreilles. « Je n’aime pas écouter de la musique sur un ordinateur, ou sur you tube. J’achète des disques tout le temps. Mais je trouve ça plutôt cool que l’on puisse se faire sa propre culture musicale en piochant dans les albums du passé, quel que soit le support. La musique de qualité finit toujours par revenir. »


Et question qualité, Margot a plutôt été gâtée : « C’est vrai que même enfant, j’ai eu du mal à accrocher aux Spice Girls. Mes parents sont des grands fans de musique. Mon père travaillait dans la musique, et ma mère est passionnée de musique, de jazz New Orléans et des Beatles. Et mon père plutôt des Rolling Stones, de Chuck Berry, de country. Ce qui fait que j’ai grandi au milieu d’une discothèque sublime dans laquelle j’ai pioché. J’ai commencé par les Stones, Creedence, Gram Parsons, et je suis retourné en arrière : Otis Redding, le Rythm’and Blues, Robert Johnson. Et puis Bob Dylan.»


Mais force est de constater que cette musique, plutôt anglo-saxonne, a finalement peu de représentants de ce côté-ci de l’Atlantique. Ses figures, de Jack White aux Black Keys, sont plus à Nashville, moins à Pigalle. « Il y a quelques français qui font ça, comme Gaspart Royant ou Theo Lawrence. Mais je crois surtout qu’on ne peut plus rien inventer en musique. Même maintenant, les choses qui me plaisent comme Father John Misty, c’est parce que cela me fait penser à Elton John, dont je suis une grande fan. En ce moment j’aime beaucoup Phil Cook. »

On plaide à tout hasard la passion pour les grands espaces américains qui auraient peut être nourris cette fascination pour ce son ? « Je n’ai jamais été aux Etats-Unis, je n’ai même jamais pris l’avion de ma vie, alors que ma meilleure amie vit à Austin. Mais je rêve de jouer quand même au Grand Ole Opry. Le Nashville de Hank Williams me fait toujours rêver. »


Mais il ne faudrait pas croire pour autant que Margot Cotten soit sectaire ou réfractaire à la musique en français. « Un jour j’ai essayé de chanter en français. Mais j’ai arrêté de suite. J’ai écouté de la musique française assez tard. J’ai eu une révélation avec « L’homme à la tête de chou » de Gainsbourg qui est un de mes albums préférés. Ensuite, Dutronc, Nino Ferrer et Christophe. J’ai commencé la musique en faisant des reprises, et en reprenant « Les rois de la réforme » de Dutronc, je me suis dit que ça sonnait trop mal dans ma bouche et j’ai arrêté de chanter en français. Ce n’est pas naturel pour moi d’écrire et de chanter en anglais.»


On imagine que la passion du son, de la musique de ces années-là, requiert une sorte de fétichisme du matériel d’enregistrement. Encore une fois, Margot tord un peu le cou à ce cliché : « J’enregistre en Home-Studio, mais pas en analogique. Ça coute trop cher. Et puis ce qui compte pour moi, c’est le résultat. Peu importe la manière dont on y parvient. Là, on a enregistré en live, avec quelques overdubs, et j’avais envie de faire ça. On sent que le groupe est ensemble. Mais peu importe la manière. Je ne suis pas une puriste du matériel. Après si j’étais riche et que j’avais du temps, évidemment que je le ferais. »



Mais est ce que Margot ne se sent pas un peu seule dans cette scène musicale ? Aux USA, il y a les reines Dolly et Emylou, ou la princesse country pop Lana Del Rey, mais en France ? « Je crois qu’en ce moment c’est un atout d’être une fille, même dans cette scène rock/country qui est très masculine. Les filles commencent à être mises en avant. Même si je ne suis pas hyper féminine, je pense que c’est un atout. Il y a beaucoup de gens qui aiment les filles qui chantent. »


En tout cas, nous on aime la personnalité et le caractère des chansons de Margot Cotten, le cliché parigot dans le cliché country. Comme l’hommage à Audiard dans le clip de « Feel no shame ». Margot Cotten est assez unique, anachronique et passionnée pour emporter son auditoire, qu’on espère voir s’élargir.

SOUS INFLUENCES DIVINES

« Mon album de l’île déserte, c’est « Sticky fingers » des Stones. Pas le choix. C’est mon premier coup de cœur, c’est mon groupe préféré et c’est grâce à eux que je fais de la musique. Il y a un truc spécial avec ce disque. Avec Dylan aussi. Sinon il y a Tom Petty. Il est comme une synthèse de tous les artistes que j’aime. Il a exactement les mêmes références que moi. Et puis Gram Parsons, Gainsbourg, et Elton John, jusqu’à « Captain Fantastic ». Il m’impressionne énormément. Il arrive à composer des chefs d’œuvre en 20 minutes.

En cinéma, « Un singe en hiver » pour Gabin et Audiard. Le clip de « Feel no shame » a été tourné en partie à Villerville ou a été tourné le film. Et puis « Harold et Maud », pour la BO de Cat Stevens. C’est sublime et ça me fait pleurer à tous les coups.

Sinon, je veux me marier avec Al Pacino. Et j’adore, malgré tout, Woody Allen, « Manhattan » et « Annie Hall ». Sinon, je peux regarder en boucle des interviews de Luchini, j’adore sa manière de parler.

En actrices, même si je n’aime pas tous leurs films, j’aime bien Sandrine Kiberlain et Karin Viard. Je les trouve sympathiques et elles me plaisent physiquement.

En littérature, Hemingway, Fitzgerald, Kerouac et Bukowski. Et en littérature française, Sagan, qui est comme une cousine parisienne de Woody Allen, Simenon et Boris Vian. Et j’aime bien « Vernon Subutex » de Virginie Despentes."


Margot Cotten & The Bee’s Knees

Single "Feel no shame" disponible

Clip à voir ici

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