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La disparition de Karen Carpenter

Chez Faces, on est fan de la pop des Carpenters et de la voix parfaite de Karen. C'est donc avec un grand intérêt que nous avons lu "La disparition de Karen Carpenter" de Clovis Goux, paru aux Éditions Actes Sud.


Karen Carpenter, chanteuse américaine, moitié du duo The Carpenters avec son frère Richard, est probablement l’une des plus belles voix de la pop music, l’une des plus pures, l’une des plus sensibles aussi. Assez mal connus de ce côté-ci de l’Atlantique, The Carpenters souffrent d’une image niaise et réactionnaire, un pur produit de l’Entertainment américain qui s’est brulé les ailes auprès d’une industrie toujours prompte à jeter au feu ses artistes cassés, broyés par un désir de nouveauté sans cesse renouvelé. Et puis ce sont des enfants de la middle class américaine, proprets, aux succès fulgurants dans les années 70, et aux hits imparables pour qui aime le sucre, l’eau de rose, mais aussi le classicisme d’une certaine pop que l’on nommerait « Twee » de nos jours. Comme si Taylor Swift était la chanteuse de Belle and Sebastian. Mais sous les palmiers californiens, l’ombre du malaise persiste, entre sédatifs pour l’un et laxatifs pour l’autre. Et Karen dans la lumière, qui tente de fondre et se vide de toute substance sans perdre sa voix magique .


Clovis Goux aime Karen Carpenter. Bien que critique, avec une analyse fine et argumentée des albums du duo, il ne les prend pas de haut, essayant de comprendre d’où vient la chute, qu’est ce qui a bien pu dérailler pour que Karen, l’enfant chérie de l’Amérique, se vide à vue d’œil. Situant son analyse dans son biotope originel, entre le mouvement hippie et la guerre du Vietnam, « La disparition de Karen Carpenter » se lit comme une enquête psychologique, une histoire à tiroirs dont on connaît déjà la fin. Et c’est passionnant, même si on ne connaît pas vraiment la musique des Carpenters. Le style de Clovis Goux, sec et distant, épouse au final la trajectoire de Karen, absente malgré la chaleur de son timbre vocal. Comme la musique des Carpenters, empreinte de nostalgie mais intemporelle. Et ce livre prouve une fois de plus après le film de Todd Haynes « Superstar, the Karen Carpenter story », combien un certain culte hype (mérité) entoure la figure de Karen Carpenter, comme si ses failles existentielles nous faisait entendre les tubes des Capenters avec une oreille neuve, bien moins légère et surannée qu’ils en ont l’air.


"La disparition de Karen Carpenter" de Clovis Goux, paru aux Éditions Actes Sud


Texte et collage: Nicolas Vidal




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