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(ru paul par nicolas vidal)

Est-il plus facile de trouver sa place dans la marge, hors du système, dans l’underground ? Est-ce que l’on trahit toujours ses idéaux quand on passe du côté obscur du mainstream, de l’argent, du populaire ? Dans le cas de Ru Paul, probablement la drag Queen la plus connue depuis la fin des années 80, aujourd’hui à la tête d’un empire télévisuel avec son show « Ru Paul’s Drag Race », des tournées à guichets fermés avec les vedettes du show qui fêtera bientôt sa quinzième saison, des chansons fédératrices et une popularité incontournable, sa plus belle réussite est justement d’avoir mis dans la lumière la culture drag héritée des ballrooms de New York et de la culture du Voguing. Car Ru Paul a longtemps été dans les années 90, l’unique figure populaire du drag, le trublion queer de MTV avec ses titres « Supermodel » ou la reprise de « Dont go breaking my heart » avec Elton John. 


Mais voilà, avec l’argent et le succès, les critiques se sont faites plus vives et il est vrai que des polémiques de plus en plus fréquentes lui sont tombées dessus. Est-ce que Ru Paul et ses sermons sur l’acceptation de soi, sur le fait de s’aimer soi même pour aimer les autres sont-ils vraiment sincères ? Aide t’il vraiment les queens du show ultra scénarisé ou bien fait-il son beurre sur les malheurs des artistes qui peuplent la compétition ?

Probablement un peu des deux, mais est-ce si important au final ? Ru Paul a le mérite de mettre en avant des outsiders, des personnalités de communautés très minoritaires sur les écrans, et de passer par le filtre pop et politique du drag pour faire passer des messages sur le droit de vote, sur l’histoire LGBTQI+, sur ce que c’est d’être un enfant homosexuel, trans, non binaire quand on ne naît pas du bon côté de la société.


Alors bien sûr, il y a du succès, de l’argent, de la compétition (nous sommes en Amérique), mais il y a aussi une envie de transmettre, de montrer qu’il existe d’autres manières de vivre. En cela, le parcours et la carrière de Ru Paul forcent le respect. Longtemps seule (en tout cas médiatiquement et hors des USA) à prêcher pour ses sœurs Drag, Ru Paul a finalement fait école et force est de constater que son instinct était plutôt bon vu le succès actuel des tournées des artistes du show, non seulement américain mais aussi en France où, la version de Drag Race a été un très gros succès, amplement mérité tant la qualité des performances était visible.


Alors certes, Ru Paul est peut être antipathique, un poil vampire, très businessman capitaliste and so what ? Il fait partie de cette histoire, de l’histoire des Drag et de la commute queer. Il s’est certes enrichi et proclamé reine des Drag, mais a montré au monde le pouvoir subversif et contemporain de la lutte par le maquillage et les perruques. Can he get an Amen ? Oui. Définitivement.

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