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(nick kamen par nicolas vidal)

Parfois, se promener en caleçon dans une laverie peut vous ouvrir des portes insoupçonnées. Il est évident que c’est encore mieux quand on a une jolie tête en prime, des yeux lagons et des traits parfaits. Comme Nick Kamen, toy boy eighties, mannequin à gueule d’ange devenu chanteur grâce à la fée Madonna qui lui offrit « Each Time you break my Heart » tube écarté (on ne sait pourquoi) de son album multi-platiné « True Blue » et qui devint la chanson la plus addictive de 1987 en France, entre le « Wishing Well » de Terence Trent D’Arby et « Joe le taxi » de notre Vanessa nationale. 

Comment ne pas succomber au charme métisse et au déhanché du beau Nick qui dans le regard de Mondino dans un clip surexposé et mélancolique, chantait son tube sous les yeux endormis de ses contemporains tous sortis d’un Magazine de mode branché, et qui faisait écho au clip de la chanson « Open your heart » (par Mondino toujours) de Madonna où en pin-up de peepshow, elle dansait elle aussi devant un parterre de voyeurs plus sexy que ceux de Pigalle. 

Car Nick Kamen, c’est aussi l’un des artistes de proue du mouvement Buffalo avec son frère styliste et mannequin Barry, mouvement créé par Ray Petri et immortalisé visuellement par Jean-Baptiste Mondino et surtout Jamie Morgan, qui a traversé les eighties en mettant à l’honneur une mode non seulement métissée dans ses influences mais aussi dans ses égéries puisqu’outre Nick qui fut l’une des muses du collectif, la chanteuse Neneh Cherry a aussi popularisé ce mouvement avec son tube « Buffalo Stance » en 1989. 
Mouvement au croisement de la mode, de la photographie et de la musique, le style Buffalo a ainsi révélé outre Nick Kamen, la jeune Naomi Campbell, et fait entrer le queer dans le street style avec des égéries comme Boy George. 

Mais voilà, on a beau avoir eu des tubes (« I promised myself », deuxième gros succès en 1990), avoir été un précurseur en matière de mode (et faire la couverture du magazine culte The Face), les gens se souviendront toujours de la première fois où ils vous ont vu à poil. Et qu’ils ont fantasmé sur vous. Et pour Nick, ce sera dans une publicité pour Levi’s ou au son de Marvin Gaye, il se dessapait gentiment pour nettoyer son pantalon dans une laverie automatique sous les yeux de charmantes colocataires de lessive. Image publicitaire fixée pour la vie, Nick Kamen est devenu malgré lui un pur produit du marketing eighties, ce qui aura été une bénédiction et une malédiction. 

La Pop culture étant plutôt généreuse en matière de chair à fantasme, on pourrait penser que sa jeunesse fut éternelle, car personne n’a vu vieillir Nick Kamen, énième garçon pop signataire d’un tube parfait, poster boy oublié dans les limbes de Londres, ressuscité (un peu) par sa mort réelle en 2021. Sauf que plus grand monde ne savait qui il était, sauf les fans des eighties. Et les nostalgiques rigoureux qui se souviennent de l’émoi provoqué par ce bel anglais en caleçon, dans un endroit où l’on ne devait pas l’être. Pop un jour, pop toujours.

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