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(lisa bonet par nicolas vidal)

Être et avoir été : une idole teenager, une actrice à scandale, une femme de, une mère de, mais avant tout une actrice au talent sous exploité doté d’un mystère et d’un regard tellement forts que tous les réalisateurs et réalisatrices auraient dû se prosterner devant elle. 


Il s’en est fallu de peu pourtant pour que Lisa Bonet devienne la reine de Hollywood en 1987 après son rôle dans « Angel Heart » d’Allan Parker aux côtés de Mickey Rourke, Robert De Niro et Charlotte Rampling. À 19 ans et après une carrière à la télé dans le très family compatible « Cosby Show » (pas si familial que ça en coulisse), la jeune actrice de 19 ans à l’époque troquait les gentils tracas New-yorkais pour les bas fonds de la Louisiane avec le diable en personne et à la clé une scène de sexe torride et malsaine avec le beau Mickey. Interdictions en pagaille et scandale puritain tout américain. Comment l’enfant chérie de la télé américaine et ses lazy eyes avait-elle pu faire cela au public populaire qui se délectait jusqu’à présent de ses peines de coeur dans le « Campus show », série dérivée juste pour elle du fameux « Cosby show » ? 


Parce qu’en plus, Lisa Bonet passait de la gentille rebelle bourgeoise Denise Huxtable a la prêtresse vaudou de La Nouvelle Orléans avec une facilité déconcertante et un réel talent de composition. Tout le monde n’a parlé que de la scène de sexe, mais quid de sa performance tout en sauvagerie rentrée, dans un quatuor d’acteurs époustouflant et absolument terrifiant ? Le film, quels que soient ses défauts, avait le mérite de montrer un monde et un personnage peu vus dans les polars classiques eighties et permettait à la jeune actrice de montrer ce qu’elle avait dans le ventre. 


Le rôle était censé lui ouvrir les portes d’un cinéma plus auteuriste avec ses rôles plus conséquents, à l’égale d’une Winona Ryder ou d’une Juliette Lewis qui arriveront peu après. Mais Hollywood n’aime pas les faux pas, et il semble que l’émancipation d’une actrice de sitcom familiale était un peu trop précoce à l’époque pour une actrice noire. Car finalement, n’est ce pas ce qu’on lui a reproché sous couvert de puritanisme ? Le Cosby Show offrait le spectacle d’une famille afro-américaine bourgeoise, tout à fait dans un cocon aseptisé - ce qui faisait sa force et sa subversion - et l’image de la jeune fille du film à moitié sorcière qui couchait avec un enquêteur plus vieux a eu un impact très négatif sur Lisa Bonet qui s’est retrouvé à défendre son rôle comme si c’était sa propre vie, ce que n’aurait probablement pas eu à faire une actrice blanche populaire, au sujet duquel on aurait parlé d’un rôle ambigüe et provocant. Mais en 1987, on ne parlait pas encore d’empowerment et c’est bien dommage.

 

Car Lisa Bonet n’a jamais retrouvé de rôle à sa démesure après cet épisode. Les médias se sont plus intéressés à sa love story avec Lenny Kravitz et ensuite avec Jason Momoa, mais aucun rôle mémorable n’est arrivé et une tombée progressive dans l’oubli que seule la notoriété de ses amours a ravivé. Heureusement, sa fille Zoé Kravitz poursuit le flambeau en faisant une belle carrière, mais on aurait adoré retrouver plus souvent la sublime Lisa Bonet que l’on a jamais oublié, ni son regard mi-clos, ni sa beauté envoûtante.

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