top of page

Edito

François Club, c’est une discothèque enfumée à la fin du punk. Ce sont des nappes synthétiques sur des images VHS. C’est de la poésie sur de la dance music. C’est de la musique expérimentale avec des sons que l’on connait.  C’est un mélange improbable de boites à rythmes estampillées eighties, mais une attitude rétrofuturiste. C’est de la pop lo-fi contée par François, qui croiserait Mylène Farmer et John Carpenter, Katerine et Aphex Twin. C’est le projet d’un homme érudit et spontané, qui a le charme de la bricole et l’efficacité mélodique des tubes d’antan. Et on s’y sent  plutôt bien dans ce club.

ENTRETIEN ET PHOTOS:  NICOLAS VIDAL 

Que s’est-’il passé depuis la sortie de ton premier EP « Paramilitaire » en 2016 ?

J’ai pas mal tourné, mais je n’ai sorti quasiment aucun nouveau titre, sauf « Ecce Homo » qui vient de sortir il y a un mois, accompagné d’un clip réalisé par mon acolyte Tom Gagnaire. Et je viens d’enregistrer un album.

 

Comment es-tu venu à la musique ?

J’ai commencé la musique dans des groupes de rap, de punk, j’ai joué dans un collectif, Dozen Fratzen qui mélangeait le rap un peu abstrait avec le jazz. J’ai fait le conservatoire, j’ai étudié le jazz, eu une médaille en composition électroacoustique.

 

Qu’est ce qui t’a fait dévier du jazz vers la pop ?

C’est venu naturellement en fait. Je ne me suis pas forcé. Il y a eu quelques déclics, notamment avec Julien Gasc qui est un ami proche, avec qui on a commencé la musique très tôt, notamment dans Muddle puis Aquaserge. On habitait tous les deux dans le Tarn, au pied de la montagne noire, et on faisait de la musique ensemble. C’est un peu une chance. Et puis au bout de ma troisième année en fac d’histoire, j’ai tout arrêté et je me suis retroussé les manches pour apprendre réellement la musique et travailler. Je suis rentré au conservatoire ou j’ai commencé par le jazz, mais l’environnement trop virtuose ne m’a pas beaucoup plu donc j’ai bifurqué vers la musique électroacoustique. J’ai eu le soutien de mon prof Bertrand Dubedout, un maître qui m’a encouragé et m’a poussé à jouer dans des festivals de musique contemporaine. Et puis j’ai chanté dans des choeurs dont l’ensemble baroque de Toulouse. C’était l’époque où je faisais du free jazz, je jouais dans Aquaserge, j’allais danser dans les raves, et le dimanche j’allais chanter dans des églises. Je ne dormais pas beaucoup. Mais j’ai appris plein de choses très disparates qui ont construit mon background musical.

 

En parlant de rave, il reste quelques vestiges de house et de dance music dans François Club.

Complètement ! J’adore la danse, j’aime beaucoup la musique électronique. Je n’aime pas qu’un style, mais j’aime les boite à rythmes, cette époque hybride avec Hossono, Magic Orchestra, Aphex twin.

 

On évoque souvent les eighties pour parler de ta musique et de tes clips. Est ce que la musique de cette époque influence ta manière de composer ?

Je ne suis pas du tout 80, même si j’aime bien cette esthétique un peu nostalgique, mais c’est un peu sans le vouloir. J’aimerais sortir un peu de ce truc qui me colle un peu à la peau, comme si François Club était lié à ces années la. Je suis plutôt rétro futuriste. Sur mes nouvelles chansons, je pars plutôt vers du boogie blanc. Après, je suis fan de Mikado. Pascale Borel chante d’ailleurs sur l’un de mes nouveaux titres. J’ai beaucoup écouté « On est tous des imbéciles » de Mylène Farmer.

Comment as-tu démarré François Club ?

J’avais un groupe de pop psyché qui s’appelait Franz O’Clock, avec mon frère et Pieuvre, et une fois dans un magasin, le vendeur m’a demandé des infos sur mon projet et en donnant le nom Frantz O’Clock, il a compris François Club, et là je me suis dit que c’était un super nom. C’est venu d’un malentendu. Et l’esthétique du projet est venue avec le nom. Bien que ce soit une esthétique variable. Par exemple, sur le prochain album, je sors du coté boite à rythme avec un vrai batteur, des musiciens, on va jouer en groupe sur scène. Il y a plein de featuring, Pascale Borel donc, Julia Jean-Baptiste, Adrien Soleiman qui joue du saxo sur 3 titres, Dominique Vanchesteing, Julien Gasc, Jonathan Koubi… J’ai pris en charge la réalisation, contrairement à mon premier EP qui avait été produit par Nicolas Lockhart.

 

On ressent également l’influence de Katerine, de Sébastien Tellier ou de Bertrand Burgalat dans l’univers de François Club.

Ce sont des gens que j’écoute et qui me portent. Quand on me pose la question sur les chanteurs français, ce sont eux qui me viennent à l’esprit. Katerine est arrivé un peu de nulle part. J’adore son album « Magnum ».

 

Comment fonctionnes-tu dans la composition ? Il y a beaucoup de ruptures dans les chansons, des silences, les thèmes mélodiques changent souvent au sein d’un même titre. Est ce l’influence du jazz ?

Non, ce n’est pas volontaire. Je travaille de façon empirique, je passe d’une session à 140 BPM, mais je change en cours de route. Et je fonctionne de la même manière avec les textes. Je peux aller très vite ou prendre beaucoup de temps.

 

Tu as fait plusieurs clips qui ont défini une esthétique très Lo-fi, VHS.

Je travaille avec Tom Gagnaire depuis le premier clip, d’un seul geste. On fait un pitch et on y va. C’est un grand cinéphile très doué, j’adore ce qu’il fait. Mais la VHS peut un peu rebuter, donc on va peut être changer cette esthétique. Je vais travailler avec Edie Blanchard sur mon prochain clip, donc cela va donner autre chose.

 

Quand est-ce que tu vas sortir ton nouvel album ? Quels sont tes prochains projets ?

Il n’y a pas de date précise pour le moment, tout est en train de se mettre en place.

J’aimerais beaucoup travailler pour d’autres artistes. Je commence à être rôdé sur la manière d’enregistrer la musique. J’ai beaucoup travaillé seul, et j’aimerais bosser avec d’autres artistes. J’ai un projet hip hop avec Farid Hussein qui joue le pharaon dans le clip de « Ecce Homo ». Je commence à travailler sur des musiques de pub. Je joue un peu avec Lockhart, avec Joseph Sainderichain et son groupe Amour Courtois.

Henry Miller- «Il faut faire attention avec Henry Miller, mais quand même, il m’a beaucoup influencé. J’ai lu « La crucifixion en rose » quand j’étais très jeune, et j’ai été marqué par cette aspiration à la vie et ce personnage qui plaque tout à 33 ans. Et d’ailleurs ma chanson « Ce doit être un jeudi soir » est inspirée par ce roman. « Ce doit être un jeudi soir que je la rencontrais au Dancing ». Grosse influence."

LIVRES - « J’ai lu pas mal de philo dernièrement, notamment « Décadence » de Michel Onfray. Je ne sais pas si c’est une très bonne idée de le dire, mais moi je l’aime beaucoup. Il a un côté fouineur, il a des réponses à tout, mais j’aime sa ligne de conduite chevaleresque. Il m’a beaucoup fait réfléchir. « Le cas Wagner » et « Ecce homo » de Nietzche que j’ai beaucoup aimé. Et « La pornographie » de Gombrowicz. C’est très subtil, très bien écrit. Et j’aime toujours énormément Maupassant, le fantastique… »

PEINTURE/PHOTO- « J’ai fait un peu d’histoire de l’art, et il y a tout un tas d’artistes qui m’ont marqué. J’adore Tadanori Yokoo qui fait de superbes affiches. J’aime aussi Klimt et toute cette période. J’aime beaucoup Baptiste Virot, qui fait des choses remarquables et qui a fait la couverture de mon album. »

Disques- « En terme d’albums, j’ai beaucoup écouté l’été dernier « What would you say » de Part Time, qui est un album de pop Lo-fi, un peu à la Ariel Pink que j’aime beaucoup également, surtout « Poom ». Et j’ai beaucoup écouté « L’hiver te va bien » de Louis Philippe, et « Philharmonie » de Hosono. »

Ma Playlist...

FILMS- « J’ai revu « The Shining » de Kubrick, il y a vraiment un truc qui se passe avec ce film. C’est de l’ordre de la hantise pour moi. Je suis sidéré de voir qu’à chaque action, tout est parfait : l’agencement, la position de la caméra. Je l’ai vu 10 fois, c’est vraiment un chef d’œuvre. Tout comme « L’Aurore » de Murnau. C’est nappé, c’est doux, et c’est beau. Esthétiquement ça va très loin. J’ai regardé récemment « Signes de vie » de Herzog, et c’est génial. Mais il y a tellement de films. Quand j’étais jeune, en premier je voulais faire chanteur et après, réalisateur de films d’horreur. J’aime beaucoup les films français, mais j’adore toujours les Carpenter, aussi pour la musique. »

Un portrait chinois de François Club à travers ses idoles teenage et celles d’aujourd’hui.

" Je n’ai pas d’Idoles et de culte pour personne. Je pense au contraire que la musique et l’art en général est à la portée de tous. 

Mais adolescent, mes goûts me portaient vers Kris Kross, Michael Jackson, Technotronic et Macaulay Culkin. Aujourd’hui, je dirais Geneva Jacuzzi, Stevie Wonder et Jack Nicholson..."

bottom of page