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Édito par Nicolas Vidal

Il y a deux ans. Quand j’ai créé Faces, l’une de mes ambitions était de donner la parole visuellement aux artistes, dans un format d’interview qui laissait toute la place pour parler longuement de son parcours, de ses goûts de ses influences. J’avais également l’envie secrète de dessiner une cartographie de la pop française, de photographier une famille musicale qui ne l’était que dans mon imagination. Sur les quelques noms auxquels je pensais pour démarrer Faces, griffonnés sur un carnet, un seul ne s’est pas encore retrouvé ici. Mais ça viendra, je le sais. Ce que je ne savais pas en revanche, c’est à quel point les artistes que j’ai rencontré, numéro après numéro, seraient fidèles à Faces Zine, répondant positivement à chaque sollicitation. Et malgré le climat social de Décembre, Clea Vincent, Marie Flore, Alma Forrer et Jean Felzine ont répondu présents une nouvelle fois pour une séance photo pop qui clôture l’année 2019 avant d’entamer le nouveau chapitre des années 2020. Du folk intimiste à la chanson romantique, de la pop plus urbaine aux synthes synthpop, ils ont tous sorti un projet hyper enthousiasmant et réussi. On fait le bilan avec eux. 2019, c’est aussi la disparition de l’icône pop, Marie Laforêt. Pierre Faa lui rend hommage ici de belle manière. Je vous souhaite une belle année pop à venir !

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ENTRETIENS & PHOTOS:  Nicolas Vidal
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Chez Faces, on aime les chanteuses pop plus que de raison. Et cette année, celles qui ont fait battre notre coeur se prénomment Alma, Clea et Marie Flore. Petit bilan annuel avec 3 chanteuses uniques dont les albums méritent tout l’amour pop du monde.

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Clea Vincent est une fée pop. Cheffe de file de la scène indé, son bel enthousiasme et son énergie fédératrice font d’elle une pièce maîtresse de la pop française. Elle a cette année sorti « Nuit sans sommeil », un bel album qui confirme son habileté à trousser des refrains pop intemporels entre comptines girl power et accords neo French touch. On est fan de Clea. Pour toujours.

“ 2019, c’est la sortie de “Nuit sans sommeil”, mon 2ème album, en mars suivi d’un super concert à la Cigale en avril. J’ai fait quelques concerts par la suite. C’est un peu compliqué les concerts en ce moment pour les artistes de ma catégorie, car on est dans un entre deux. C’est moins les conditions DIY que j’ai connu pour mon premier album car on a assis une forme de maturité avec ce disque et on a eu accès à des salles plus grandes. Donc j’ai moins de concerts, mais plus grands. Ça m’a permis de réfléchir à mon rapport à la scène, car je me rend compte que finalement je préfère les petits lieux, plus en proximité. Sur le prochain album, je crois que j’ai envie de retrouver une forme de liberté. Ça me manque d’organiser moi même mes petites tournées, d’être en lien direct avec les programmateurs. Je crois que j’aime bien maîtriser les choses. Je n’aime pas trop l’embourgeoisement. 

Le fait d’avoir moins de dates m’a donné du temps pour écrire et composer. Maintenant que j’ai un espace pour créer où il y a un piano quart de queue, j’ai aménagé le studio de manière à pouvoir enregistrer des prises de piano voix. Donc en ce moment je fabrique un set piano/voix pour l’exercice. J’avais envie de maîtriser ce truc là qui n’est pas évident. Tu ne peux te cacher derrière rien dans cette formule là. La voix doit être juste, avoir un bon tempo. Je ne sais pas si le 3ème album sera l’album de la maturité, mais en tout cas je m’exerce pour que ça tienne la route comme ça.

Pour le moment, je vais suivre le même tempo pour mes sorties de disques. J’avais sorti “Tropicléa”, un EP entre mes deux albums, et je sors un “Tropicléa” 2 en avril pour le Disquaire Day, et probablement un inédit dans l’été. En réalité, il n’y a pas de cassure. J’essaie de sortir quelque choses tous les 6 mois/1an. Mais par contre, il y a eu une vraie évolution entre mes deux disques au niveau du live. On a eu plus de moyens pour le préparer. On a une vraie batterie sur scène désormais, on a beaucoup travaillé les sons de claviers, la voix… J’ai testé le gros son, plus de confort, les plus grosses scènes. Et je me rend compte que j’ai besoin d’un peu plus de douceur et de proximité. 

On a tourné aussi 6 épisodes de SoooPop, mon émission. C’est une suite logique des soirées que j’organisais où j’invitais des artistes à chanter une reprise d’une année musicale, avec un backing band. Là, je réunis 2 artistes que je fais se rencontrer, qui chantent ensemble, avec une interview croisée, toujours avec un backing band. Et là, on est en train de trouver une boite de production pour pouvoir le faire dans un vrai studio, avec le même rapport au temps. Un peu comme dans Faces Zine, où les artistes ont le temps de s’exprimer. On va garder l’esprit mais l’image et le décors vont bouger. Ce qui est chouette quand on est artiste et qu’on interviewe un artiste, c’est qu’on a des questions qu’on ne va pas forcément trouver dans les médias, un peu plus axées sur la création. Comme je n’invite que des gens dont j’adore la musique, j’écoute à fond les disques, j’ai des visions quand je les écoute et je peux avoir des réponses. Cela satisfait ma curiosité. Et ça me donne des sensations fortes de jeu car j’ai l’impression d’avoir 12 ans et de jouer à l’animatrice télé. Et puis c’est en lien avec ma passion qui est la musique. 

Cette année a aussi été la fin de “Garçons”, le spectacle que je faisais avec Carmen Maria Vega et Zaza Fournier. La dernière date a été super triste car ça venait mettre un point final à un cycle de 4 ans hyper intense avec les filles, mais aussi dans ma carrière et ma vie personnelle. J’ai l’impression de repartir vers un truc de très nouveau. Il y avait de la nostalgie, un peu de peur de la suite, et de joie car mener un projet comme ça de 50 dates avec des supers filles, c’était génial.

Cette année, mon gros coup de cœur c’est Catastrophe. Ce mélange des genres sans limites, c’est incroyable. Ils se mettent au service du public dans un partage de connaissances assez dingue. Ce n’est pas un projet autocentré, et ça fait du bien. C’est très généreux. Ils jouent, chantent, dansent. Ils nous ont mis une grosse claque, et ils nous challengent. Ça fait du bien. Et puis ils sont sur Tricatel, label que j’adore.” 

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Marie Flore a probablement sorti l’album le plus audacieux de cette année avec ses chansons brutes et romantiques. Une manière de chanter bien à elle, des uppercuts dans le son, une fragilité qui se transforme en armure et une présence hors pair ont fait d’elle notre coup de cœur (ou de boule) de cette année.

“ En cette année 2019, j’ai sorti mon disque “Braquage”. J’ai fait mes premiers concerts avec mon nom sur les tickets. Et j’ai rempli mes premières salles de concert. Cette fois, c’était différent, car c’était sur mon nom, ce n’étaient pas des premières parties. Et c’était dans le cadre de la sortie de mon album. J’ai vu des gens chanter les paroles de mes chansons...

Le premier album s’était fait un peu à la force des bras avec Robin Leduc, en indé total. Signer sur un label plus important m’a permis de travailler avec les gens avec qui je voulais travailler et d’avoir les moyens de le faire, et de réaliser un disque dans des bonnes conditions. Sans la pression du temps non plus, puisque l’enregistrement s’est étalé sur plusieurs mois, voire années. Et c’était très cool d’être dans ce ping pong créatif. Je retiens surtout la chance d’avoir produit un disque en étant très bien entourée. 

En 2019, les lignes ont aussi bougé pour les femmes dans la musique. On est plutôt mises en avant. Et c’est cool. Je n’ai pas écrit ce disque de manière revendicative, ni dans cette perspective là, mais tant mieux si ça résonne comme ça chez les gens. Après coup, écrire ce disque, ça a aussi été une manière de reprendre le pouvoir sur soi, donc ça peut parler à tout le monde. Reprendre la main et ne pas se laisser écraser par des gens toxiques. 

Cette année, j’ai écouté les nouveaux albums de Dua Lippa et PNL. J’adore toujours autant. Ça m’a beaucoup plu et ce sont les 2 albums que j’ai le plus écouté cette année.

Et pour 2020, on peut me souhaiter une grosse tournée et continuer. J’ai ma première Cigale à Paris fin avril 2020 et je suis trop contente. C’est le rêve qui se réalise. Je ne m’étais pas trop autorisée à espérer ça. Donc je ne réalise pas trop, mais je suis contente.”

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Alma Forrer est pour la troisième fois de l’année dans les pages de Faces Zine. C’est dire à quel point on croit en elle, en ses chansons pop pleines de surprises, acides et romantiques à la fois. Son bel album « l’année du loup » a enchanté notre fin d’année.

“ Cette année, j’ai été très sage et j’ai sorti un disque un peu coquin. Mais je me suis bien comportée. Je suis restée dans mon comportement. J’ai vendu plein de petits pains à la boulangerie, mais c’est fini et j’ai plein de temps pour faire de la musique. 

Sortir un disque ne change pas le cours de la vie du tout, mais je suis très contente d’avoir un peu plus d’exposition et d’actualité. Tout ce qui se passe autour de l’album me motive pour écrire. Tous les gens que je rencontre sont des sources d’inspiration. Et je pense que c’est très motivant que les choses avancent, même si le contexte n’est pas toujours facile, même si ce n’est pas l’année de la chanson. Quand on ne s’attend à rien, on est toujours content en fait. 

Le chantier des Francos et les Francofolies de La Rochelle ont été importants car c’était une étape de réflexion sur ce que je voulais faire en live. J’avais beaucoup d’attentes, et je me disais qu’il fallait que j’améliore, que je sois plus forte sur scène, que je joue avec des musiciens. Et en jouant aux Francos, je me suis aperçu que j’étais dépassée par ça, et que je voulais revenir à un truc plus solitaire et plus intimiste. Ça a été une étape de construction de mes concerts et du coup, c'était une super expérience. Le point de départ de quelque chose plus que son aboutissement. Les choses se construisent. Et je suis revenue à l’essence de ce que je faisais au départ. 

On dit souvent que 2019 a été l’année du rap, mais ça a aussi été l’année des chanteuses. Il y a eu l’album de Billie Eilish qui dépasse complètement les frontières. On ne peut plus mettre les choses dans des cases aujourd’hui. Il y a eu Marie Flore, Clara Luciani qui continue à avoir du succès. La présence des artistes féminines qui ont du succès change les choses. Ça donne des modèles aux jeunes filles, aux autres chanteuses. Il était temps que cette parole prenne de l’importance. Après, je n’ai que 25 ans et j’ai cette sensation que peut être que je n’avais pas ressenti avant, mais dans l’histoire de la musique, il y a eu des chanteuses qui ont eu de grandes carrières. Ce n’est pas nouveau. Mais pour l’instant, ce sont toujours des mecs qui dirigent les labels. Mais on est tous hyper attentifs à ce progrès. A Toulouse, après un concert, j’ai acheté dans une belle librairie “La Genèse”. J’avais fait du catéchisme enfant, mais c’était très doctrinal. J’avais envie de relire les premiers textes. Et j’ai été assez surprise par l’épopée un peu mythique. Mais la place des femmes, c’est tellement déprimant depuis la nuit des temps. Elles ne sont bonnes qu’à être engrossées, ou à souffrir, être des esclaves. heureusement que ça change. 

Cette année, j’ai adoré l’EP de Jean Felzine et sa chanson “État Stable” qui m’a énormément plu. Il y a eu l’album de Norma aussi, “Female Jungle”. Angel Olsen a aussi sorti un album super beau dans lequel j’ai eu du mal à rentrer. Et l’album de Leonard Cohen. Sublime. Je l’écoute en boucle” 

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Jean Felzine, c’est acquis depuis le premier album de Mustang, est un chanteur et un auteur de chansons plus que doué. Sa première échappée solo, « Hors l’amour », prouve une fois de plus son incroyable étendue vocale et son habileté à sublimer des mélodies uniques. En attendant de le retrouver l’année prochaine avec Mustang et son duo avec Jo Wedin, interview « Mes amis dans le rock » pour percer une peu de son mystère créatif.

Quel serait ton meilleur ami virtuel dans le rock ?

Mon idole depuis la fin de l’adolescence, c’est Roy Orbison. C’est vraiment un modèle vocal, et puis dans l’écriture de chansons. Il a une forme de lyrisme, mais il y a aussi sa dimension masochiste. Les gens le mentionnent peu, alors qu’il est très important. C’est le premier chanteur sensible. Il venait de l’écurie Sun où il y avait Johnny Cash, Elvis, Jerry Lee Lewis, des chanteurs très virils. Et lui, dès ses premiers titres rockabilly, avant qu’il ne fasse ses très grandes chansons sixties, il avait ce truc comme dans “Chicken Hearted” où il se fait toujours blesser par les filles, ce n’est jamais lui qui les blesse. Il a réussi à sublimer ça. Si je fais le bilan des chansons que j’ai écrit depuis que j’ai commencé il y a plus de 10 ans, ce sont souvent des chansons de complaintes assez masochistes. 

 

En même temps sur ton EP, il y a la chanson “État stable” où tu es plutôt le pilier. 

En tous cas j’essaie de rassurer la fille en lui disant que c’est la cas, mais je finis en disant qu’il n’y a pas d’état stable. Car je crois qu’il n’y en a pas. Roy Orbison n’est pas le seul artiste que j’ai écouté, mais quand je l’ai découvert, j’avais l’impression d’être le seul type au monde à écouter ça alors qu’il a vendu des millions d’albums. 

 

Pour la plupart des gens, Roy Orbison, c’est “Pretty Woman”...

… Qui n’est pas une chanson représentative de son oeuvre. On le connait un peu aussi par les films de David Lynch. Mais il a écrit des chansons qui dans la forme sont très particulières. On a l’impression d’écouter une petite symphonie crescendo de 2,30. C’est l’artiste le plus important pour moi, plus qu’Elvis je pense. 

 

Quel serait ton meilleur ami français dans le rock ? 

Il y en a un que je me suis trouvé récemment, c’est Jean-Luc Le Ténia, que je reprends sur l’EP. Encore une fois, l’art, c’est une histoire de sublimation pour moi. Et lui, je trouve qu’il a sublimé sa condition. Bon, il s’est suicidé à la fin, mais il a transformé sa vie de merde en art. Il a réussi à la mettre en scène et à faire des tas de super belles chansons. Dans l’écriture, il a passé une étape, avec Katerine peut être au début des années 90. Il travaille beaucoup sur la répétition des mots, des phrases. J’en ai écouté une l’autre jour, c’est incroyable :  “ Un jour, une fille à gros nichons viendra me chercher dans sa Ferrari pour m’emmener loin de toutes vos conneries.” Je trouve ça brillant moi. Alors c’est pas du rock, mais c’est un des plus grands chansonniers français. 

 

Et dans la vraie vie, qui serait ton meilleur ami dans le rock ? 

J’ai des copains musiciens, mais dans le rock pas tellement. Il y a quelqu’un qui est un vrai rockeur et qui a été mon beau frère pendant quelques temps, c’est Santiago Aldunate, et lui il a vraiment le truc du rockeur. Il a un côté incendiaire sur scène, il joue très bien de la guitare. Il a ce truc parfois sur scène où il touche à la transe, qui est un peu l’essence du rock. Je le trouve très fort.

Est-ce que tu te sens appartenir à une bande musicale ? 

Non, ça n’a jamais été le cas. J’ai toujours un pied dans diverses scènes. Quand on a commencé avec Mustang, on nous rattachait aux Baby Rockeurs, mais on n’avait rien en commun. On ne venait ni de Paris, ni du même milieu social. On écoutait même pas la même musique. Mais il y avait des gens bien dans cette scène, notamment Niki Demiller qui est resté un de mes meilleurs amis, qui est un super mec. Mais je regrette de ne pas avoir eu de bandes. J’envie les gens qui en ont une. Et en même temps, j’en ai une avec Mustang

Tu as travaillé seul sur cet EP ? 

Oui, parfois avec le concours d'Apollo Noir sur 2 titres. C’était ce que je voulais faire, comme un défi d’enregistrer chez moi, seul. J’avais pris beaucoup de retard sur beaucoup de copains qui ont commencé avant moi et qui se sont vite enregistrés tout seul. Quand j’ai eu des avances, au lieu de m’acheter du matériel, j’ai acheté des conneries, j’ai fait la fête. Donc j’ai fait un stage de son cet été pour rattraper le temps perdu. Et les gens ont l’air de trouver ça pas mal.

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Parlons des filles. Qui serait ta meilleure amie dans le rock ? 

C’est fatalement ma compagne Jo Wedin. J’ai le bonheur - où le malheur - de vivre avec une chanteuse. Et c’est évident que c’est elle. On a fait un album tous les deux, on a des singles qui arrivent en début d’année. 

Qu’est qu’elle t’apporte dans la création musicale ? 

Un bagage musical qui n’est pas le même que le mien car elle a fait beaucoup de jazz. On se retrouve sur la Soul qu’on aime autant tous les deux. Une aisance mélodique aussi. Elle a moins de bagages harmoniques où techniques que moi, ce qui la rend plus libre, je trouve, pour trouver des mélodies. Chez moi, c’est fait de manière plus intellectuelle et moins spontanée. Et puis son regard sur le monde qui est particulier. On est souvent très en colère. 

 

Sur l’EP en revanche, je ne trouve pas très en colère finalement. 

C’est vrai. Je ne voulais pas d’humour, et pas d’acidité. Il y en a un peu dans “Mes amis dans le rock”, mais ça reste une déclaration d’amitié. Je dis que je les aime. Et puis c’est un autoportrait, “fume beaucoup, prend du poid”, je parle aussi de moi. 

Qui serait ton meilleur ennemi dans le rock, réel ou fantasmé ? 

Dans la musique, il y a un type avec qui j’ai une relation d’auditeur compliquée, c’est Philippe Katerine. Je pense que c’est un type important et certainement le grand chansonnier français moderne. Mais il y a quelque chose qui me gêne chez lui, c’est son opportunisme - ce qu’il prendrait certainement pour un compliment - au sens de faire ce qui est opportun. Là, il fait un disque de rap de la dernière minute. Et en même temps, c’est une évidence que c’est un type d’une grande intelligence, un grand chanteur à sa façon, et il fait parfois des chansons incroyables. Sur son album précédent, “Le film”, il y a des chansons qui sont au top de la chanson, du niveau de Trenet. Il atteint l’essence même de ce qu’est une grande chanson. 

 

En écoutant ton disque, j’ai pensé parfois à Polnareff. 

En France, c’est ma plus grande influence. C’est le premier à avoir fait de la pop en français, une musique davantage axée sur les mélodies que sur les paroles. Il a inventé ça en France. En tous cas c’est lui qui l’a fait le mieux. Moi j’aime bien chanter, et j’aime les mélodies qui permettent de le faire.

 

Les mélodies de “Hors l’amour” sont extrêmement travaillées, ce qu’on trouve de moins en moins. Aujourd'hui, l’idée de la production passe avant la chanson. 

C’est une histoire de méthode. Je ne commence jamais une chanson par la production. Je fais à l’ancienne : des harmonies, une ligne de voix, des paroles. Une fois que je la trouve bien, je commence à travailler les arrangements. Mais l’inverse est intéressant. Dans l’électro où le rap, la composition et la production se confondent. Mais c’est une foi personnelle. En général dans les arts, j’aime les choses construites, vertébrées. Je n’ai jamais aimé le post rock, les trucs invertébrés. Je travaille comme ça, à l'ancienne. 

 

En 2020 tu vas retrouver tes amis de Mustang avec un nouvel album ? 

Exactement. On commence à faire des concerts en début d’année. On cherche un label pour sortir ce disque qu’on vient de terminer. Ce serait bien de trouver des partenaires, que ce soit en solo ou avec Mustang. Le processus de sortir un disque seul, c’est compliqué. 

Qui est ton nouveau meilleur ami en musique cette année ? 

Cette année, j’ai adoré une chanson d’Alex Cameron, “Miami, memory”, mais je ne trouve pas tout l’album réussi. Mais cette chanson est incroyable, avec une mélodie qui se développe. C’est une vraie chanson d’amour qui m’émeut beaucoup. J’adore les chansons sentimentales. 

 

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Marie Laforêt s’en est allée cette année, et avec elle s’éteint une certaine idée de la chanson pop made in France, qui traçait une ligne d’Andre Popp à Barbara, de la pop sixties à la chanson d'actrice. Pierre Faa, grand admirateur et connaisseur de l’œuvre de la fille aux yeux d’or, lui rend ici hommage.

" Marais L'Euphorie.

Il fallait donc rester insaisissable. Toute une vie, échapper au premier prédateur, à travers des rôles, des pays, des paradoxes, des éclats de rire. En 1959, Louis Malle la veut pour "Liberté". Le film ne se fait pas, mais le titre a (d'autant plus) valeur de présage.
Car chez elle, les bluettes sixties sont prises dans une grande mosaïque qui les relativise, et prouve une ouverture musicale unique. "Marie Laforêt autour du monde", voilà son vœu. Chanter les Stones, Dylan, Joni Mitchell, d'accord, quelques tubes pour sécuriser, mais aussi "El Condor Pasa" (4 ans avant Paul Simon), Atahualpa Yupanqui, Margo Guryan, des jeunes auteurs brésiliens, français, une berceuse yiddish, un requiem de Cimarosa…
L'intégrale enfin validée, peu avant son départ, sera une fabuleuse malle au trésor. Chacun pourra explorer, comprendre, suivre les fils secrets. Et tant mieux si Marie n'est jamais béatifiée, si elle reste une Marge en plein soleil. Auprès d'elle, chacun vient dans sa propre liberté."

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Pierre Faa, nouvel album (sortie le 27 janvier) en précommande ici : https://fr.ulule.com/pierre-faa/

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