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Loane, toute seule


Loane est toute seule. C’est elle qui le dit dans le titre de son nouvel album “Alone” qui sort le 15 février. Et bien lui en a pris car l’album est très beau. Solaire, solitaire et extrêmement touchant. La solitude, comme pour se prouver qu’on peut y arriver seule ? “Il y a quelques collaborations sur l’album mais j’ai tout produit moi-même et j’ai joué de tous les instruments. J’avais déjà co-réalisé mon deuxième album, “Le Lendemain”, avec Yann Arnaud et David Sztanke, et comme j’avais pris du temps pour moi après cet album , voyagé seule, notamment aux États-Unis, je me suis dit que je pouvais le faire”


Loane en est déjà à son 3ème album avec “Alone”. Un parfait condensé de ses deux premiers disques, comme si elle n’avait gardé que le meilleur du son chanson folk du premier, et les claviers électro du deuxième : “Aujourd’hui, je suis dans un équilibre musical au plus près de ce que j’aime. C’est très long de se découvrir, de se connaître artistiquement, de s’autoriser à faire ce qu’on aime. Là, j’ai relié les deux facettes.”

Mais le cheminement vers ce 3ème disque contemplatif, et au plus près de ce qu’elle est, a été long, sinueux, rempli de doutes : “Je sortais d’une collaboration avec une major ou les choses ont été un peu compliquées. J’ai changé tout mon entourage professionnel. En même temps, j’avais eu des expériences extra-ordinaires avec des artistes comme Christophe ou Lenny Kravitz avec qui humainement et musicalement ça s’était super bien passé. Mais j’avais un public confidentiel, une musique qui l’est aussi. Donc faire les choses à échelle humaine me correspond mieux finalement. Et quitte à faire les choses en totale indépendance, autant le faire avec des gens que je choisis. Et je suis ravie car “Alone” est exactement à l’image de ce que je voulais faire. Chaque collaboration a été faite avec des gens qui en avaient réellement envie.”

Loane a donc pris ses valises, ses machines et ses ambivalences pour partir loin, sur les terres américaines, et emmagasiner les ressentis et les sensations que cette nouvelle solitude lui apportait : “J’ai pas mal voyagé après mon deuxième album, et je suis resté un bon moment à Chicago. Je fréquentais beaucoup de musiciens là-bas, notamment le groupe Wild Belle de Eliott et Natalie Bergman. J’ai beaucoup passé de temps dans leur studio, avec leur groupe. Ils sont un peu comme une meute de loups, sauvages. Dans ces studios, j’ai pu essayer plein de sons, de choses. Et puis on a traversé le désert ensemble, entre Las Vegas et Chicago, car ils voulaient filmer leur clip là-bas, “Another Girl”. Et j’ai vécu un nouveau cycle à travers ce voyage, comme si je commençais quelque chose de neuf.”


L’Amérique, terre de fantasmes et de contrastes, avec ses villes énormes et son drôle de président. Mais plutôt que de rester en Californie ou à New-York pour vivre son fantasme américain, Loane s’est imprégnée de Chicago, ville plutôt méconnue : “ La ville, les gens, la plage, la chaleur d’été et les hivers très rudes, c’est une ville super inspirante. C’est plus calme que New-York. Il y a une sorte de sérénité. Je suis resté pas mal dans le quartier de Pilsen, qui est le quartier arty et latino de la ville, et c’était très inspirant. Tu prends un van pour faire tes courses, tout est plus grand, il y a plus d’air. Et puis les gens sont plus simples, plus directs, plus essentiels. Mais le fait de me découvrir, de quitter mes repères m’a beaucoup inspiré pour l’album. Il fallait que je recommence quelque chose.”


En recommençant une nouvelle aventure, Loane s’est enfin autorisée à prendre entièrement les rênes de son projet musical, devenir la cheffe d’orchestre de son album malgré l’attitude misogyne du milieu : “Je doutais beaucoup de mes capacités, comme beaucoup de petites filles et de femmes. Je voulais faire les choses seules, mais quand on est une femme, on a toujours besoin de te coller des gens dans les pattes pour t’aider à finir les choses. Les gens pensent que tu n’y arriveras pas toute seule, alors que souvent, on veut juste un bon allié. Sur cet album, j’ai eu des supers ingés son, mais j’ai fait la production et les arrangements seule. Et ça m’a pris du temps de finir l’album car j’ai longtemps reculé, tourné autour de ça, et en fait c’était possible.”

Possible et réussi. “Alone” est un disque absolument dans l’air du temps et très personnel. Des batteries et une voix très en avant, des pianos simples et lumineux, une guitare : “Je me suis autorisée à laisser beaucoup d’air dans les arrangements. Au début il n’y avait pas grand chose. Je voulais moins me cacher derrière des synthés. On en revient à cette satanée confiance.” Mais on retrouve également ce qui nous plaisait déjà dans son album précédent, à savoir une belle énergie sensible et des talk-over : “J’adore le talk-over. Comme chez Jackie Quartz ou Françoise Hardy. Ou même Gina X, Bobby Orlando, ou les Flirts, des trucs italo disco.”


On trouve également sur “Alone”, la participation de Michel Gondry , réalisateur acclamé et ancien musicien du groupe Oui-Oui sur le titre “Ne m’oublie pas” et son refrain irrésistible, ou la voix de Loane, comme cabossée, est très touchante : “J’avais déjà travaillé avec Michel Gondry sur le générique de fin de “L’écume des jours”. J’avais ré-arrangé une reprise de France Gall. D’ailleurs, on lui avait demandé l’autorisation, car elle protégeait énormément cet héritage. Elle avait été très attachée à ce qu’on garde les accords et la mélodie parfaitement. Mais j’étais contente d’avoir eu un lien avec elle. C’était pas sûr qu’elle accepte. Mais on avait plu à France donc j’étais contente.” Au delà du travail artistique, le sujet de la mémoire, qui est au centre de l’univers du cinéaste, est également l’une des préoccupations de la chanteuse :

“ Avec Michel, on est resté en contact depuis cette collaboration. J’avais aussi fait la musique d’un court métrage à lui qui s’appelle “Haircut Mouse”. On a un lien créatif. On se retrouve sur le terrain de l’enfance, comme souvent avec les artistes d’ailleurs. J’avais cette chanson sur laquelle il m’avait soufflé le refrain, autour de la mémoire qui est aussi un sujet qui me passionne. La mienne, mais aussi la mémoire traumatique dont on parle beaucoup avec l’imprescriptibilité liée aux agressions sexuelles. C’est très important. Cette mémoire là est peu reconnue. heureusement des gens se battent pour ça en ce moment. La mémoire est un vaste sujet.”

Il est en tout cas fort à parier que cet album de Loane ne s’oubliera pas facilement. Honnête et sensible, avec des zones d’ombres et des messages plus lumineux comme sur la chanson “Avance” et son mantra positif comme pour conjurer le sort : “C’est peut être un message un peu fleur bleue, mais c’est ce que j’ai envie de dire aux enfants à qui on met des bâtons dans les roues. C’est une chanson que j’ai écrite après une très mauvaise expérience dans un studio où je voulais enregistrer et où cela s’est très mal passé. Mais on a tous une chance, et il faut l’attendre. Et c’est ce message que je voulais véhiculer.” Un beau travail d’introspection pop en somme.


SOUS INFLUENCES DIVINES

" Je suis une grande fan d’Indochine. Je les ai beaucoup écouté enfant. J’aimais leurs accords mineurs, tous ces moments mélancoliques au milieu d’arrangements colorés et joyeux. J’ai grandi avec ces synthés là. Sinon j’ai beaucoup écouté “Baduizm” d’Erykah Badu. Je l’écoutais tout le temps. Je trouvais sa voix extraordinaire. Je n’ai pas usé beaucoup de disques, j’en n’avais pas beaucoup jeune, et chez moi on n’était pas très consommateur de musique. On écoutait beaucoup Mozart, Supertramp et Genesis, mais Erykah Badu, je l’ai écouté en boucle. Elle avait une voix légère, un peu cassée. Après j’ai écouté beaucoup de pop eighties. Récemment, j’ai beaucoup aimé Fishbach. Je trouve ça incroyable. Sa chanson “Un autre que moi” me fait frissonner. C’est fort.

“Femmes qui court avec les loups” de Clarissa Pinkola Estes m’a fait vibrer de l’intérieur. Je l’ai lu au moment ou j’ai commencé un travail sur moi, il y a une dizaine d’années, et je n’avais pas ouvert toutes les portes. A l’époque, j’avais un peu peur de moi-même, et ce livre me parlait, à travers son analyse féministe des contes. Ça a été une expérience sensorielle, intérieure.

“Eternal Sunshine of the spotless mind” de Michel Gondry m’a énormément bouleversé. Comment on peut se blesser tout seul, cette fille qui se cherche, qui ne sait pas ce qu’elle va trouver. Je m'identifiais beaucoup à elle, au fait qu’on peut bousiller son histoire d’amour parce qu’on ne sait pas ou on va, ou qu’on n’a pas encore compris son histoire. Et puis la mémoire. Le fait de pouvoir faire “reset”. Ce scénario est incroyable.

Sinon j’aime beaucoup Anna Mouglalis. La femme et l’actrice sont très intéressantes, entières. On a un peu travaillé ensemble à une époque, et toutes nos discussions étaient très intéressantes. Et j’aime son engagement auprès de la fondation des femmes pour les femmes victimes de violences. Elle agit, et dans ses idées, elle ressemble à ce qu’elle est. Et c’est une actrice incroyable, très classe.”

Nouvel Album, "Alone", disponible le 15 février.

En concert le 15/02 Massy / Espace Paul B (1ere partie de Pomme) ; le 20/03 à Nîmes / Théatre Christian Ligier (1ere partie de Dominique A); le 22/03 à Saint Chamond (1ere partie de Dominique A); le 10/05 à Paris- Le Walrus


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