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Comment parler de Bertrand Burgalat tout en évitant les poncifs sur le producteur de génie, l'éclaireur de talents singuliers, ou le songwriter pop délicat ? En fait, on ne peut pas les éviter. Bertrand Burgalat est un cas unique en France : il est un artiste respecté et un patron de label. Un sorcier du son et un musicien au flair redoutable. Mais il est avant tout un passionné passionnant, avec qui discuter devient un moment délicieux et dont l'intégrité artistique et la liberté de parole font plaisir à entendre et écouter. Longtemps vu par certains comme un barde pop "easy listening", il est avant tout un producteur curieux et exigeant qui embarque autour de lui une galaxie de créateurs, et qui pourrait en embarquer encore plus si la pop était la force vive de l'industrie musicale. Rares sont finalement les artistes qui s’intéressent à la musique des autres et qui l'écoutent avec une curiosité réelle. Il y a des choses qu'on ne peut dire à personne, mais merci à Bertrand Burgalat de nous en avoir confié quelques unes.

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ENTRETIEN & PHOTOS:  Nicolas Vidal
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Vous avez sorti votre dernier album « Les choses qu’on ne peut dire à personne» il y a un an et demi. Mais la première fois que j’ai entendu parler de vous, c’était sur les disques de Jad Wio, «Fleur de métal», et «Mes amis et moi» d’Arnold Turboust au début des années 90. Comment êtes-vous passé d’arrangeur à chanteur?
C’est vrai que j’ai commencé par travailler sur les disques des autres, de toutes les manières possibles. Parfois discrète, parfois de manière plus entreprenante en proposant de nouveaux arrangements sur les chansons. J’avais des ébauches de morceaux, mais je n’étais pas très sûr de moi. Et puis je ne me voyais pas comme un interprète, je ne savais pas trop comment les sortir. Il m’a fallu beaucoup de temps pour avoir confiance en moi, et quand on travaille pour les autres, c’est assez rare qu’ils vous encouragent à faire des choses par vous même. Par exemple, quelqu’un comme Chassol, je ne me suis pas identifié à lui, mais je le voyais mettre son talent au service des disques des autres, et je voyais bien que personne ne lui suggérait de faire ses propres projets. Et même quand mon premier disque a été prêt, j’ai attendu 5 ans avant de le sortir car je sortais d’autres albums sur le label. Par exemple, j’aimerais sortir un nouvel album, mais quand on a son propre label, il n’y a que soi pour se dire d’y aller.

Pour quelles raisons avez-vous crée votre label Tricatel? Pour regrouper toutes vos activités  ou dans l’idée de produire d’autres artistes?
C’était vraiment pour produire d’autres artistes. A l’époque, je travaillais pour d’autres maisons de disques, et c’était passionnant de travailler pour Jad Wio ou Arnold, mais il y avait des projets qui me tenaient à cœur.  Et quand j’allais voir les directeurs artistiques, je voyais bien qu’ils n’étaient pas aussi enthousiastes. Mais les choses se sont faites sans calcul. Monter un label c’était un rêve, mais j’étais complètement incompétent. Je n’imaginais pas les difficultés que cela représenterait. Quand on a commencé à sortir des disques vers 1997, on a été surpris de la sympathie des gens du rock par exemple, mais aussi de l’antipathie de gens dont je me sentais plus proche. Parfois j’aurais préféré presque que ça s’arrête, que ça soit un échec total, mais ça n’a jamais été le cas. Donc on continue. Et au bout de 25 ans, on est toujours là, malgré les difficultés pour trouver de l’argent. On a sorti des albums magnifiques sans aucun retentissement, mais c’en est presque beau. Le pire c’est quand ça va un petit peu car on ne peut pas se plaindre. Il y a tellement de projets aujourd’hui, des artistes de talent qui font des choses dans une indifférence totale. Donc je suis mal placé pour me plaindre. C’est une période formidable car on peut faire de la musique, mais sans mise en scène, c’est très difficile.

 

"Je déteste le mot stratégie. La seule stratégie que l’on ait, c’est d'essayer de faire de bons disques."

Il y a une nouvelle scène française pop très vivante en France, dans tous les styles, qui marche aussi à l’étranger. Certains très indés, d’autres mainstream. Certains pourraient être vos héritiers quelque part?
Il est vrai qu’il y a eu des périodes ou j’ai sorti des choses où je me sentais plus étranger à mon époque qu’aujourd’hui. Et je trouve qu’il y a régulièrement des projets de grande qualité qui sortent,  ou pas d’ailleurs. Mais j’entends tout le temps des choses de grand niveau. Après, ce qui passe le filtre d’un public plus vaste, c’est plus compliqué.

Sur Tricatel, vous avez sorti au départ des projets "atypiques" avec Valérie Lemercier ou Michel Houellebecq. Était-ce une manière de vous faire remarquer ou le hasard des projets?
On n’a jamais sorti un disque de manière calculée, ou pour l’image. Je déteste le mot stratégie. La seule stratégie que l’on ait, c’est d'essayer de faire de bons disques. On ne s’arrête jamais au formatage, aux quotas. Si le projet nous plaît, on le sort. Mais on n’a jamais pensé à notre image. Je pense que ça n’a pas beaucoup d’importance d'ailleurs. Je ne sais pas comment parler au public snob, mais je ne sais pas non plus comment toucher le grand public, dont j’apprécie la spontanéité. J’ai vu récemment les documentaires sur Sardou et Eddy Mitchell. Quand on voit les gens de grand talent comme Jacques Revaux qui travaillaient sur les chansons, ils faisaient des choses populaires mais de qualité. «Les villes de solitude», c’est une grande chanson qu’on avait repris avec Jad Wio d’ailleurs, mais qui n’est jamais sortie. Et Eddy Michell, les musiques de Papadiamantis sont incroyables. Quand j’avais 10/15 ans, Sardou et Mitchell, c’est pas ce que j’écoutais, mais ça suscite chez moi de l’admiration. Leur succès n’est pas immérité, au contraire.

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"Le marketing a amplifié les segmentations sociales. Et c’est terrible, il y a des musiques pour certaines catégories sociales, certaines tranches d’âge, et c’est très difficile pour une chanson de traverser ça."

 

Est-ce pour cette raison que vous avez voulu travailler pour des artistes plus populaires comme Alizée, Christophe Willem ou Marc Lavoine?
Oui et non. C’était un plaisir de travailler pour eux. Pour Christophe Willem, ma femme regardait l’émission et on le trouvait bien. Donc j’avais dit aux gens de Sony que ça m’intéresserait. Et ça a été très agréable, c’est un mec super. Mais c’était drôle pour moi, car le succès de l’album est venu d’un remix d’une chansons de Zazie, et c’est ça qui a fait marcher le disque. J’avais supervisé l’album, écrit quelques titres. D’autres personnes avec qui on travaillait sur le label aussi. C’était marrant de voir qu’un album fait dans l’esprit Tricatel s’est vendu à 3 millions d’exemplaires alors que s’il était sorti chez nous, il en aurait vendu 3000. Et Marc Lavoine, on s’était rencontré, et une sorte d’amitié très naturelle s’était crée, presque une «Bromance». Et j’ai pris une claque car en tant qu’interprète, il a un respect des compositions très rare. Moi, c’est juste que je n’ai pas les codes. Pour être un  artiste populaire - il n’y a pas que ça -  c’est aussi un investissement marketing. Mais finalement, Sardou, il était chez Trema qui était un label indépendant, avec Talard et Revaux.

On a changé d’époque en même temps. Est ce qu’on pourrait adapter ce qui se faisait il y a 30 ans au marché d’aujourd’hui? C’est le hip hop qui est populaire de nos jours. Si Sardou sortait ses chansons aujourd’hui, aurait-il un succès populaire?
Les derniers hymnes populaires, ça date du début des années 2000. Comme «Foule sentimentale» de Souchon. Pour moi c’était un cauchemar à l’époque car je déteste les arrangements variété-rock, mais avec le temps je trouve que c’est une très belle chanson qui racontait son époque. Le marketing a amplifié les segmentations sociales. Et c’est terrible, il y a des musiques pour certaines catégories sociales, certaines tranches d’âge, et c’est très difficile pour une chanson de traverser ça. Quand ça passe, c’est la chanson de «La reine des neiges», et on s’en passerait bien. (Rires) Moi j’adore entendre une chanson commerciale bien foutue. Ça m’encourage. Quand on fait un morceau, on se dit toujours que quelqu’un va y être sensible, qu’il va y avoir plein de conséquences positives.  

Est ce que les médias ne nous survendent pas tous les ans un nouvel artiste populaire, à coup de marketing, sans que cela ne soit réellement le cas?

Il y a d’un côté les artistes grand public, Cabrel, Florent Pagny, qui vendent toujours à peu près la même chose. Ensuite il y a les artistes branchés dont le succès est souvent éphémère. A partir du moment où on cherche à briller socialement par ses goûts, on est plus infidèle. Je n’ai rien contre Eddy De Pretto. Mais il est fort probable que dans deux ans, quand il sortira un nouveau disque, le public branché aura un nouvel Eddy De Pretto. Et ça n’a rien à voir avec la qualité des artistes. C’est très fugace et il y a peu d’artistes qui cartonnent deux fois.

Est-ce qu’en sortant votre premier album en tant que chanteur à part entière, vous aviez une idée musicale précise? A l’époque, on a beaucoup parlé de références sixties...
Ce n'est pas du tout ce que j’avais en tête. La musique que j’avais en tête pour mon premier album, et même pour les autres projets comme celui de Houellebecq, était hyper mélancolique, et hyper solaire. Une musique baignée de psychédélisme anglais, un exercice de solarisation. En studio, je fonctionnais avec des réminiscences, des flashs que j’essayais de retrouver, mais jamais avec une idée précise. Quand le label a commencé, c’est vrai qu’on aurait pu enfoncer le clou d’un modèle easy-listening, mais on ne l’a jamais fait car ce qu’on faisait était plus subtil. C’était aussi l’époque où on découvrait que Gainsbourg n’avait pas fait que des chansons pour Joëlle Ursull, que Burt Bacharach n’était pas si mal. Donc c’était la propre redécouverte des gens qui calquaient sur ma musique ces références. Mais c’est normal. Si je ne connais rien en jazz et que j’entends un truc, je vais trouver que ça sonne comme du Sidney Bechett, alors que peut être pas. Dans le livre de Jean-Emmanuel Deluxe sur l'histoire de Tricatel qui sort, j’ai insisté pour qu’on mette certaines chroniques négatives du début du label, parce qu’elles sont intéressantes rétrospectivement. Mais l’important, c’est que les disques aient été faits.

 

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"J’essaie de dire des choses très personnelles, mais c’est plus facile à dire pour moi si c’est écrit par quelqu’un d’autre car j’ai peur d’être indécent."

 

On a l’impression qu’il y a eu une réception plus «consensuelle» autour de votre dernier album, "les choses qu'on ne peut dire à personne"...
Oui tout à fait. Moi, je ne me sens pas du tout incompris. Et ce qui me fait encore plus plaisir, c’est que chaque nouveau projet du label est encore mieux compris,  comme ceux de Chassol et Catastrophe. Il y a des relais de croissance que l’on a rarement comme Télérama. Mais Les Inrockuptibles grâce à Pierre Siankowski ont vraiment soutenu Chassol, et on en a vu de suite les conséquences. C’est un journal qui a un poids sur les organisateurs de concert par exemple. Nous ce qui nous intéresse, ce n’est pas seulement d’avoir des articles, mais aussi des relais vers le public qui donnent envie de les écouter.

On a aussi parlé d’un album très personnel concernant «Les choses qu’on ne peut dire à personne», alors que vous faites appel à de nombreux auteurs. Comment vous l’expliquez?
J’essaie de dire des choses très personnelles, mais c’est plus facile à dire pour moi si c’est écrit par quelqu’un d’autre car j’ai peur d’être indécent. Et puis c’est un plaisir d’être interprète. Je ne veux pas être un personnage, et je considère que ma vie en elle même n’a pas beaucoup d’importance. A partir de là, si j’essaie de dire quelque chose, j’imagine que d’autres personnes peuvent le ressentir à leur façon, et qu’il y a quelque chose de plus universel. Mais je ne fais pas d’auto-fiction à travers la chanson. Je ne me considère déjà pas comme un chanteur. Je suis quelqu’un qui aime la musique, qui aime en faire, et par tous les moyens. S’il y a une chanson que j’aime, je la chante. Par exemple, le texte «Les choses qu’on ne peut dire à personne» a été proposé il y a 20 ans à Julien Clerc par Laurent Chalumeau. J’adore Julien Clerc, mais je suis content qu’il l’ait refusé. «Bardot’s Dance» avait été écrite par Hélène Pince pour Luce qui n’en avait pas voulu. Moi ce qui m’intéresse c’est le plaisir de faire des disques, avec des personnes que j'apprécie. Maintenant je n’ai plus d’appréhension d’être sur le devant de la scène, mais ce n’est ni un fantasme, ni une crainte. Et tant qu’à être sur scène, autant respecter le public qui va dépenser de l’argent, pour un disque ou un concert, et présenter quelque chose qui se tienne. Je suis très "Do it Yourself", un peu en marge, mais si je pouvais, je ferais des vrais shows avec des lumières. Comme ce qu’on fait avec Catastrophe qui n’est parfois pas loin d’être du music-hall.

Est ce pour cette raison que vous aviez crée le «Ben and Bertie show» avec Benoît Forgeard?
Tout à fait. C’était un peu comme le label, par défaut. On ne voyait pas de bonnes émissions de télé sur la musique, donc on s’est dit «faisons une émission de service public» ! Mais on n’avait pas les moyens du service public... On voulait présenter des artistes connus, inconnus, des vieux artistes, des jeunes, du jazz, de la musique classique... On faisait ça avec des budgets limités, et sur une chaine cryptée, donc on a abandonné parce qu’on voulait que ce soit vu. Mais il n’est pas impossible que cela recommence ailleurs.

En parlant de vos différentes activités, vous êtes aussi éditeur d’une collection chez Actes-Sud. Comment est-ce arrivé?

C’est venu grâce à Bertrand Demoncourt qui est un ami, et qui avait déjà une collection chez Actes-Sud. On a sorti quelques livres que j’aime beaucoup, comme celui de Clovis Goux, «La disparition de Karen Carpenter», mais je ne m’étais pas rendu compte qu’Actes-Sud faisait signer des contrats minables aux auteurs. On a une ministre de la Culture (Françoise Nyssen était encore en fonction lors de l'interview) qui nous fait la morale sur le minima des salaires des artistes, etc, mais il faudrait qu’elle donne un peu l’exemple. Ils sont un peu culottés. Et c’est bien plus grave à mon sens que ses histoires de permis de construire. En tant que producteur dans la musique, on a bien vu comment ce secteur a été anéanti. Et là, on a affaire à des gens qui sont subventionnés et qui payent aussi mal les auteurs, tout en faisant la morale.

Vous êtes également vice-président du SNEP. Pourquoi avez-vous eu envie de vous engager dans le côté administratif de la production musicale?
Je n’ai aucun lien avec l’industrie musicale. Je sors peu, je vais peu dans les festivals et dans les cocktails. Le seul lien que j’ai avec ce milieu est ce syndicat qui a cent ans. Je m’occupe mal du label car j’ai la chance d’avoir une équipe, avec Cyril Vessier et Charles Dollé, qui s’en occupe très bien. Mais il y a plein de questions, et de réponses, que je ne connaîtrais pas si je n’étais pas au SNEP. Ce n’est pas la première fois que je fais partie d’un syndicat, mais en tant que petit producteur artisanal, on est plus écouté au SNEP. Je n’ai pas de bénéfice direct à y être. Mais c’est intéressant et cela m’oblige à garder un lien avec cette industrie.

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Joe Meek « C’est un producteur anglais, pionnier de l’enregistrement qui avait son propre studio. C’était un bricoleur de génie, ingénieur du son, électronicien. Il ne bâclait pas du tout ses projets, mais il  avait à la fois des bonnes idées, mais pas toujours mises au propre. Ça ne sonne pas toujours très bien, il compressait tout, mais il avait des idées brillantes. Et j’ai le sentiment que parfois, on fait des choses, mais si on les faisait un an plus tard, avec du recul, ça marcherait mieux. Mais bon il a mal fini, il a tué sa logeuse et il s’est suicidé. Mais ce n’est pas tellement sur ce volet que je m’identifie à lui. Je me sens plus proche de lui que de Spector par exemple, que j’admire aussi. Mais Meek a fait des merveilles comme «Just like Eddy» pour son protégé, Heinz. «Telstar» des Tornados, c’était magique. Il créait tout ça dans une boutique.»

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PEINTURE/PHOTO- « Emile Schult est le premier qui m’ait vraiment influencé car il faisait les visuels de Kraftwerk. Et leur univers esthétique, ce monde industriel, le côté expressionniste qu’on considérait comme kitsch avec mépris, a finalement influencé toute une génération. La première chose que Stark a fait, c’est de reprendre les néons qu’ils avaient ramené sur scène. Et il a eu une grande influence sur son époque. Maintenant il fait de l’art un peu vidéo. Mais c’est brillant.  La peinture de Georgia O’Keefe est très belle. C’est ma femme qui me l’a faite découvrir et j’ai été subjugué en voyant une exposition au Musée d’Orsay. Et chez Bala, comme chez certains futuristes italiens, il y a des choses géniales. Il y a une poésie, des trouvailles fortes.»

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CINEMA- «Mon frère est fils unique» est un film de Daniele Luchetti. Depuis la France, on voit toujours l’Italie comme un pays dévasté culturellement, aux mains de Media 7, mais des films comme ça, j’en connais pas d’équivalents en France. Ce sont des films qui parlent de la société de façon juste, sans caricature.  «La première nuit» de Franju et «Marianne de ma jeunesse» de Duvivier sont des films très oniriques qui m’ont beaucoup marqué. Il n’y a pas que ça que j’aime dans le cinéma, mais c’est très rare des films qui apportent ce sens du merveilleux. J’avais vu «La première nuit» à la cinémathèque de Los Angeles avec April March, et c’était beau de le voir dans ce contexte. Et puis ce sont des films sur l’enfance. «Continental Circus» de Jérôme Laperrousaz était un classique de MJC quand j’étais gamin. C’est un film sur les courses de moto qui suit Jack Finlay, mais qui n’est pas un documentaire. Il a eu le prix Jean Vigo à 23 ans. Ce film a été peu réédité et c’est dommage. Et puis j’adorais la musique de Gong. J’ai revu «Le crabe tambour»  quand Claude Rich est mort, et j’avais oublié que ce film m’avait marqué. Il est d’une beauté et d’une force incroyable, d’une grande subtilité. Les acteurs sont incroyables, et l’utilisation de la musique de Philippe Sarde est très subtile. Pierre Schoendoerffer est un grand réalisateur.»

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Disques- «Je suis pas très musique avant Debussy, qui me passionne. Mais «Daphnis et Chloé» de Ravel est une œuvre qui m’enchante toujours, et celle que j’ai probablement le plus écouté. C’est coloré, c’est d’une perfection absolue. C’est éblouissant, tellement imprévisible que j’ai du mal à écouter Mozart après ça, sans vouloir dire du mal de lui.  «Pet sounds» , c’est le moment où la pop a des libertés harmoniques qu’elle n’a plus après. Il y a là quelque chose de superbe.C’est un disque merveilleux.
Cette période là de Nougaro est magnifique. «Armé d’amour» est un très bel album. On a repris «C’est ça la vie» à la fête de l’huma, une musique de Maurice Vander et des arrangement d’Ivan Julien qui est un très bon arrangeur. Quand il est mort, ça m’a fait autant de peine que Bowie.  «Remain in light» des Talking Heads, c’est le plus beau disque des années 80 fait en 79. Et c’est mieux que les années 80. Et Kraftwerk, ils ont quand même inventé leur époque. «Radioactivity», c’est 1975.»

Ma playlist

Ma Playlist...

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LIVRES - « Il n’y a pas de livres qui ont changé ma vie comme certains disques ont changé ma vie. Mais un livre comme «Sounds and score» de Henri Mancini est très important pour moi car c’est un traité d’arrangements, très clair, très brillant, très simple. En ce moment je ne l’ai pas chez moi et il me manque dans mon travail. C’est un très bon bouquin, essentiel. Avant de monter le label, je voulais sortir des choses de Michel Magne qu’on ne trouvait plus. J’avais bu un verre avec Marie-Claude, sa veuve qui m’avait offert ce livre qui est génial. C’est fou de l’appeller «L’amour de vivre» quelques mois avant de se suicider. C’est un de ces livres sur la musique qui donne envie de faire de la musique. J’aime beaucoup les mémoires de Keith Richards aussi pour ça. Quand c’est bien fait, c’est encourageant et enthousiasmant. «Guerrier du rêve» de Jean-Paul Bourre est un livre que je cite souvent. Il raconte son parcours de fan de rock, son enfance, les années 60 et la suite. Ce parcours émouvant et bien raconté, gagne à être connu. «Le discours de Harvard» de Soljenitsyne a changé le monde, et d’une manière incroyable. Ce texte écrit en 76 fait le procès de l’occident, pas seulement de l’Union Soviétique. C’est très stimulant et ça a très bien vieilli. Et puis la manière dont ses écrits sont parvenus au monde est démente. Ses manuscrits qui sont sortis du goulag et leur impact  est incroyable. «Le pays des merveilles» est un roman italien. Et je trouve que ce livre sur l’adolescence est un très bon livre. Il y a une littérature et un cinéma italien qui ont un regard très fort et très subtil.»

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« Il y a des personnes que je suis et que je trouve intéressantes comme Jann Halexander. Il fait de très belles chansons. Fred Grangousier aussi, c’est entre les High Llamas et Etienne Charry. C’est de grande qualité. Il y a Fleur Offwood aussi. Et Alex Rossi. Si je pouvais, je les signerais tous.»

Un portrait chinois de Bertrand Burgalat à travers ses idoles teenage et celles d’aujourd’hui.

Ton idole teenage
Christian Vander

Ta  chanteuse Teenage
Martha Ladly

Ton chanteur teenage
Robert Wyatt

Ton acteur teenage
Charles Denner

Ton actrice teenage
Julie Christie

Ton crush teenage
Caroline De Monaco

Ton idole actuelle
Alain Delon*


Ta chanteuse actuelle
Mina

Ton chanteur actuel
The Lemon Twigs

Ton acteur Actuel
Benoît Poelvoorde

Ton actrice Actuelle
Karin Viard

Ton crush actuel
Jacqueline Bisset

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* «S’il y a quelqu’un que j’aimerais rencontrer, c’est Alain Delon. Il y a quelque chose de crépusculaire en lui, une grande mélancolie que je trouve très touchante. On perçoit une grande tristesse, et on ne voit pas comment l’aider. Ce mec a été d’une grande intelligence en tant que producteur. On pense toujours à sa mégalomanie, mais  il a fait des films politiquement et socialement très audacieux contre la peine de mort, des films comme «Le Gitan». Il y a son image d’un côté, et ses actes de l’autre. Et ses actes sont impeccables. Quand il va chercher Losey pour Monsieur Klein, ses amis comme Jean Cau... Ces gens là, il faut les aimer quand ils sont en vie. Il y a encore 10 ans,  quand Jerry Lee Lewis, Chuck Berry et Cliff Richards venaient jouer à Paris, pas un journal ne s’intéressait à ça. Ces gens ont inventé la musique populaire moderne. Ça fait 10 ans par exemple que j’entends des nouvelles très tristes de Nancy Holloway. Alors que c’est une pionnière. Les pionniers, si on peut leur rendre hommage quand ils sont en vie, c’est mieux quand même.»

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